Cette nouvelle visite du président Hariri sur les bords du Barada intervient dans un contexte local particulièrement tendu et survient, notamment, au lendemain des accrochages qui ont opposé mardi dernier à Bourj Abi Haïdar le Hezbollah à une organisation sunnite réputée pour être très proche du régime syrien, les Ahbache. Au plan politique, le Hezbollah mène depuis plusieurs jours une virulente campagne dirigée contre M. Hariri et contre le Tribunal spécial pour le Liban, l'objectif recherché par le parti chiite étant visiblement de provoquer une chute du cabinet Hariri afin d'imposer un nouvel équilibre des forces au sein de l'Exécutif et, d'autre part, de saper l'action du tribunal international.
Avant son départ pour la Syrie, le Premier ministre avait conféré hier à la Maison du centre avec l'ancien député Samir Frangié et le coordinateur du secrétariat général du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid. Samedi, il avait effectué un tour d'horizon de la conjoncture locale avec le coordinateur spécial de l'ONU au Liban, Michael Williams.
Les iftars
Les derniers développements survenus dans le pays ont été largement évoqués dans les deux discours prononcés par M. Hariri au cours des iftars d'hier et de samedi dernier.
Dans la soirée d'hier, le chef du gouvernement a offert au Grand Sérail un iftar en l'honneur des anciens Premiers et des chefs spirituels. Étaient notamment présents, l'ancien président de la Chambre, Hussein Husseini, les anciens Premiers ministres Fouad Siniora, Michel Aoun et Nagib Mikati, Mme Nayla Moawad et Mme Mona Hraoui, Mgr Roland Aboujaoudé, représentant le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, le cheikh akl druze, cheikh Naïm Hassan, le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi, le mufti jaafari Ahmad Kabalan, représentant le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, ainsi que de nombreux chefs spirituels, ambassadeurs, diplomates, députés, ministres et personnalités du monde politique et de la presse.
Dans son allocution, M. Hariri a d'abord mis l'accent sur « le message le plus précieux de notre vie nationale, le message de la coexistence entre les musulmans et les chrétiens ». « Tel est le Liban, une composition unique parmi les régimes et les pays », a souligné le Premier ministre qui a par ailleurs relevé que « la volonté de vie dans ce pays est plus forte que la mort » (...), « que l'industrie de la mort vienne de l'intérieur, de l'étranger ou des outils utilisés pour inciter à la discorde entre Libanais ».
Après avoir souligné que « les propos alarmants ne servent à rien parce que les Libanais sont capables de résoudre leurs différends », M. Hariri a déclaré que « ce qui est important c'est de cesser toute rhétorique excessive et tout recours à la calomnie et à la provocation ». Et d'ajouter : « Mais surtout, il faut savoir que la loi est au-dessus de tous et que seul l'État est responsable de la gestion des affaires publiques. En outre, la sécurité nationale devrait être la priorité absolue de l'État et de ses institutions militaires et de sécurité. Il y a deux jours, le président Michel Sleiman a souligné que ce qui s'est passé récemment dans les quartiers de Beyrouth ne se répètera pas dans le futur. À notre tour, nous soulignons notre engagement à rejeter toute forme d'atteinte à la sécurité du pays et des citoyens. » (...)
Et de conclure : « Le Liban ne sera pas un champ de confrontation entre ses citoyens. »
Dans la soirée de samedi, M. Hariri avait commenté les accrochages de Bourj Abi Haïdar, soulignant que « la réaction de la population, de la société civile et de tous les élus de la capitale a été de demander le retrait des armes, des armes qui n'ont pas été pointées vers Israël ou l'armée israélienne, mais vers les citoyens libanais (...) qui sont contre Israël et appuient la résistance contre Israël ». Et d'ajouter : « Chacun de nous reste disposé à résister contre Israël et à protéger la cause palestinienne (...). Mais nous, ainsi que les citoyens dans toutes les régions du Liban, ne permettrons à personne de brûler nos maisons, tuer nos enfants et détruire nos biens uniquement parce que quelqu'un n'a pas trouvé une place pour se garer au moment de l'iftar. »
Après avoir réaffirmé que « notre projet est l'État », M. Hariri a souligné que ce qui s'est passé à Bourj Abi Haïdar « ne restera pas sans suite ».