En effet, dans certains cercles religieux, même l'ordinateur est interdit à la maison, notamment pour les enfants, de peur de voir apparaître des sites indésirables lors de recherches sur Internet, et ce malgré des filtres qui s'avèrent parfois peu efficaces. Or, cet outil devient de plus en plus indispensable dans tous les milieux, même pour un public strictement religieux.
Pour pallier ce problème, des juifs orthodoxes ont développé un moteur de recherche tout à fait « casher » sur Google, qui s'intitule « Jgog.net ». Ses caractéristiques ? Si on tape un mot déplacé, il bloquera l'ordinateur et aucun renseignement ne sera fourni sur le sujet.
C'est également le cas pour le site « kipa.fr ». Son objectif est simple, le site l'annonçant d'emblée : « Promouvoir un Internet casher, sans images choquantes, tant pour les enfants que pour les plus religieux d'entre nous. » Pour éliminer donc toute transgression à l'orthodoxie religieuse, le moteur de recherche « Kipa.fr », en partenariat avec Google, filtre les sites Internet indésirables.
En outre, un groupe religieux israélien a créé le site « Koogle », qui conjugue « kasher » (en anglais) et « Google », pour présenter à la communauté juive orthodoxe un moteur de recherche fiable.
Mais le site « casher » n'est pas une idée unique. Il existe depuis plusieurs mois le site « halal » pour les musulmans, créé par une entreprise hollandaise. « I'mhalal.com » (je suis halal) est un moteur de recherche spécial, qui bloque les sites impurs selon les préceptes du Coran. « Notre objectif est de fournir aux musulmans un environnement sécurisé et propre pendant leur navigation sur Internet », affirme le site. Au début, le site filtrait les résultats en trois degrés de « haram » (illicite), accompagnés d'un message d'avertissement pour l'internaute musulman. Actuellement, la recherche de mots ambigus renvoie à des sites religieux ou éducatifs expliquant le point de vue de l'islam sur le sujet. C'est le cas par exemple pour le mot « sexe ». Mais d'autres termes ne sont pas si chanceux. Ils sont catégoriquement interdits, prohibés. Il en est ainsi du mot « sexy », qui ne passe visiblement pas sur « I'mhalal » qui bloque toute visualisation du résultat. Mais les musulmans considèrent-ils vraiment ce mot comme impur ? La question peut être posée puisqu'un coup d'œil à « Google trends » permet de voir que sur les cinq premiers pays ayant le plus recherché le mot « sexy » sur Google, quatre sont des pays musulmans : le Pakistan, les Émirats arabes unis, le Maroc et l'Égypte !
Les catholiques ne sont pas moins prudes. Sur le moteur de recherche « cathoogle.com », combinaison entre Google et catholique, les résultats sur le « sexe » renvoient à des sites éducatifs ou à l'œuvre de l'écrivaine française Simone de Beauvoir, le Deuxième Sexe, bloquant évidemment les sites à caractère pornographique ou explicitement sexuel. Ainsi le but de ce site, lorsqu'on tape un mot dans le moteur, est de faire remonter les sites catholiques dans les pages de résultats, plus haut que d'habitude. Mission partiellement réussie.
« Cathoogle » n'est pas unique en son genre. D'autres groupes religieux chrétiens ont cherché le meilleur moyen pour les bons catholiques de surfer sur la Toile. Tel « The Catholic Search », ou encore « CatholicCulture.org »...
Alors que l'usage et la propagation d'Internet avaient créé un énorme espoir d'ouverture sur le monde, à travers la démocratisation et la libéralisation de la recherche et de la connaissance, on se retrouve aujourd'hui, malheureusement, plus cloisonné que jamais. Une tendance dont on pourrait imaginer qu'elle se traduise au Liban - terre où chaque communauté a déjà ses propres supports médiatiques, sunnites, chiites, maronites et druzes - par l'apparition de nouveaux moteurs de recherche : Soogle, Choogle, Moogle et Droogle. Et pourquoi pas, un jour, « athoogle », pour les athées...