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Liban - Social

Le ramadan au Liban, un phénomène ostentatoire et des dépenses fastueuses

Le ramadan est censé être synonyme de frugalité et simplicité mais, au Liban, ce mois d'abstinence rime bien souvent avec des repas de rupture du jeûne fastueux et des cadeaux onéreux. "Dès le début du mois, les réservations augmentent rapidement et, pour le week-end, notre restaurant est toujours complet", affirme Joanna Kharma, responsable de la communication dans un hôtel cinq étoiles à Beyrouth. "Parfois, un client réserve toutes les tables pour la somme de 8 000 dollars", assure-t-elle.

Un peu partout dans la capitale se dressent les tentes du ramadan, et à l'intérieur desquelles on vient rompre le jeûne au rythme de musique orientale, avec parfois un spectacle de derviches tourneurs./

L'iftar, repas de rupture du jeûne au coucher de soleil, est devenu un festin où les riches familles musulmanes du pays rivalisent de faste, non seulement en termes de nourriture mais également de vêtements portés pour l'occasion.
Dans une société où les "m'as-tu-vu" sont légions et où l'on est prêt à s'endetter pour s'acheter une voiture de luxe, cette attitude n'étonne pas.
Pour Rami, 27 ans, directeur des ventes dans un magasin de luxe à Beyrouth, "durant le ramadan, on ne compte pas à la dépense". Il confie avoir payé jusqu'à 120 dollars par personne pour un iftar.
"Au Liban, même si on est pauvre, il faut faire semblant d'être riche", lance-t-il.
Les prix des iftars dans les restaurants varient normalement entre 20 et 60 dollars par personne mais peuvent grimper jusqu'à 200 dollars dans les restaurants chics.
"Ramadan ou pas, le Libanais a tendance à trop dépenser", explique Michel Abs, sociologue économique à l'Université Saint-Joseph. "Il n'y a plus de simplicité, c'est devenu un phénomène ostentatoire", indique-t-il.
Pour les cadeaux offerts à l'hôte qui organise l'iftar, certains ne comptent pas à la dépense.
"On vient parfois acheter des plateaux et des bonbonnières en cristal importés d'Italie qui valent 3 000 dollars et plus", affirme à l'AFP une responsable dans une chocolaterie de luxe au centre-ville de Beyrouth.
Le ramadan, c'est aussi une occasion en or pour faire des affaires : à Beyrouth, connu pour être la "capitale arabe" de la chirurgie esthétique, des cliniques proposent des "offres spéciales" pour se remodeler le nez ou le corps, sous le slogan "Un ramadan plus beau!". Des établissements offrent une "épilation définitive à 300 dollars" ou "un prix spécial pour se gonfler les lèvres: 250 dollars".
Un peu partout dans la capitale se dressent des tentes du ramadan, juxtaposées aux restaurants et à l'intérieur desquelles on vient rompre le jeûne au rythme de musique orientale, avec parfois un spectacle de derviches tourneurs.
Ce côté mondain est critiqué, d'autant plus qu'il s'étale à coups de photos sur les pages des magazines féminins.
Pour le cheikh chiite Hussein Abdallah, "le mois de ramadan doit marquer le retour à la religion, à la prière et encourager les fidèles à aider les nécessiteux".
"Les iftars en dehors de la maison ne doivent pas être une occasion pour afficher une certaine aura ou la richesse de la personne", dit-il.
Les familles modestes, elles, peinent en raison des prix à la consommation qui doublent, voire triplent pendant ce mois.
"Si je veux avoir un vrai iftar, je dois payer le double de mon budget habituel pour le déjeuner, soit 40 dollars", affirme Mohammad Afif, 30 ans, comptable récemment marié.
M. Abs voit cependant un côté positif au ramadan tel qu'il est pratiqué au Liban: le brassage des communautés.
Pour lui, "le ramadan n'est plus un événement religieux fermé" car depuis quelques années, les chrétiens de ce pays multiconfessionnel y participent de plus en plus. "Les chrétiens ne connaissaient rien du ramadan, c'est devenu une occasion partagée par les deux communautés", estime le sociologue.
L'iftar, repas de rupture du jeûne au coucher de soleil, est devenu un festin où les riches familles musulmanes du pays rivalisent de faste, non seulement en termes de nourriture mais également de vêtements portés pour l'occasion.Dans une société où les "m'as-tu-vu" sont légions et où l'on est prêt à...

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