Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le billet

Jimmy et Yong-nam

À Pyongyang, l'ex-président américain Jimmy Carter a obtenu la libération d'un Américain détenu depuis avril, date à laquelle il avait traversé la rivière qui forme la frontière entre la Chine et la Corée du Nord. Carter a aussi obtenu un message de Pyongyang pour une reprise des négociations sur son désarmement nucléaire. Les coulisses (à peine imaginées) de l'affaire.

***

Pyongyang, jeudi 26 août 2010.
Kim Yong-nam, président du présidium de l'Assemblée populaire suprême de Corée du Nord : Mon cher Jimmy ! Vous permettez que je vous appelle Jimmy ?
Jimmy Carter, ex-président américain : Mais bien sûr, et laissez-moi vous appeler Kim.
Kim : Non, mon petit nom à moi c'est Yong-nam.
Carter : Ah.
Kim : Cher Jimmy, au nom de notre cher leader, je vous souhaite la bienvenue en notre république populaire et néanmoins démocratique de Corée du Nord. L'autre pays de l'atome. J'espère que votre voyage s'est bien passé et que votre femme a apprécié l'accueil.
Carter : Tout était parfait. Mais il ne fallait pas, vraiment. Mobiliser 3 000 petites filles juste pour notre arrivée... En tout cas, ma femme a beaucoup aimé la chorégraphie et trouvé que ces fillettes en uniforme étaient d'une grâce inouïe surtout en comparaison de nos pom-poms girls qui n'en finissent plus d'agiter l'arrière-train en souriant bêtement de toutes leurs dents, alors qu'une gourde chante Oops, I did it again.
Kim : Le sourire, chez nous, on évite. Notre cher leader trouve que ça fait désordre.
Carter : Bon, Kim,
Kim : Non, moi c'est Yong-nam.
Carter : Ah. Bon, on ne va pas tourner autour du pot. Notre cher leader à nous, l'Hawaïen de la Maison-Blanche, commence à penser qu'il va falloir calmer le jeu ici. Surtout qu'en ce moment, il doit gérer les excités d'un Orient moins extrême que le vôtre. Alors voilà, la bataille navale, c'est sympa sur papier. Mais là, il va falloir arrêter de torpiller les corvettes des frérots.
Kim : Jimmy, on avait dit pas l'histoire de la corvette...
Carter : 47 macchabées tout de même.
Kim : On vous a déjà expliqué qu'un matelot a fait un malaise. Deux jours qu'il n'avait pas mangé, le bonhomme ! C'est l'enchaînement classique : la chute de tension, la tête qui tourne, il tombe sur le gros bouton rouge, la torpille se fait la malle. Il se trouve que la corvette des méridionaux était dans la ligne de mire. Tu parles d'un manque de bol.
Carter : Bon, Kim.
Kim : Moi, c'est Yong-nam.
Carter : Ah. Bon, on est prêt à passer l'éponge sur la corvette. On est même prêt à relâcher la pression. C'est vous dire à quel point à la maison, c'est le mur des Lamentations. Mais il va falloir quand même songer à une contrepartie.
Kim : Pour ne rien vous cacher Jimmy, notre cher leader aussi nous fait des soucis. Niveau santé, on ne va pas se monter le bourrichon, le vieux il commence sérieusement à sucrer les fraises. Quant à l'héritier, niveau compétence et caractère, c'est le mystère. Je vous l'aurais bien présenté, mais là il est à Pékin, en présentation chez le parrain. En tout cas, ici, on respire la transition à plein nez. Alors une accalmie, on prend. Vous voulez qu'on fasse comment ? Je ressors le dernier communiqué du genre ? Le truc qui dit qu'on est prêt à discuter ?
Carter : Ça ira très bien. N'oubliez pas de changer la date !
Kim : C'est comme si c'était fait.
Carter : Ah, et il y a l'autre affaire. L'autre zinzin-là, notre nageur en eaux troubles, celui qui croupit dans un de vos trous à rat depuis quatre mois. Comprenez bien, ce type, il m'agace autant que vous. S'il ne tenait qu'à moi, je le laisserais moisir ici. Mais vous savez ce que c'est, ce n'est pas bon pour l'image de laisser un Américain glander sur l'axe du mal.
Kim : Je vous avouerai qu'en ce moment, on se passerait bien d'une bouche supplémentaire à nourrir. Bon, je ne vais pas vous dire qu'il a fait du lard chez nous, votre baigneur. Mais tout de même, on a dû le maintenir sur la ligne de flottaison, niveau poids. On ne pouvait pas le laisser mourir de faim, on nous aurait encore accusé d'avoir un mauvais fond. Reste qu'en fin de compte, ce type, il nous a fait des frais.
Carter : Oui, je comprends. En plus, la nage ça creuse.
Kim : Le pire, c'est qu'il n'a pas arrêté d'essayer d'embobiner le gardien avec ses idées sur la liberté. Un vrai lavage de cerveau. Ce type n'a aucun respect pour la culture de ses hôtes. Si j'étais tatillon, j'invoquerais le préjudice moral.
Carter : Yong-nam, je sais qu'on a tendance à vouloir se répandre, au niveau des idées, mais là, vous commencez à pousser. Bon, on reprend l'illuminé, vous publiez le communiqué, et c'est plié.
Kim : Jimmy, ce fut un plaisir de discuter avec vous.
Carter : Kim,
Kim : Non, Yong-nam !
Carter : Ah. Une question me taraude depuis un moment. Que contient cette mallette noire menottée à votre poignet à l'intérieur de laquelle semble luire une lumière rouge ?

À Pyongyang, l'ex-président américain Jimmy Carter a obtenu la libération d'un Américain détenu depuis avril, date à laquelle il avait traversé la rivière qui forme la frontière entre la Chine et la Corée du Nord. Carter a aussi obtenu un message de Pyongyang pour une reprise des négociations sur son...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut