« Les favoris pour l'US Open sont toujours les mêmes, les quatre premiers du classement. Murray, Djokovic et Nadal ont prouvé qu'ils pouvaient battre tout le monde sur ciment. » Des propos signés Roger Federer en personne, après sa victoire à Cincinnati dimanche, son 17e titre en Masters 1000, en attendant le 17e en GC ? Ragaillardi par ce succès, après sa finale perdue face à Andy Murray à Toronto, le GOAT aborde l'US Open avec le plein de confiance. Surtout, le Suisse a montré durant la tournée américaine un tout autre visage que celui affiché après sa victoire à l'Open d'Australie, en janvier dernier. Affûté physiquement, le numéro 2 mondial, qui ne sera donc pas, grâce à ce statut, dans la partie de tableau de Nadal à Flushing Meadows, s'est voulu conquérant à chacune de ses rencontres, agressif à l'échange et ce dès le retour. De nouveau performant au service, Federer a eu la mainmise sur le scénario de ses rencontres, sans subir le rythme imposé par ses adversaires, comme c'était (trop) souvent le cas dernièrement. Un changement d'attitude qui témoigne de l'envie de l'Helvète d'inscrire son nom au palmarès de l'USO pour la 6e fois de sa carrière, après 5 sacres consécutifs de 2004 à 2008. Et qui résulte certainement, en partie, de sa nouvelle association avec Paul Annacone, l'ancien mentor de Pete Sampras. Reste cependant à gommer un déchet toujours conséquent du fond, et à retrouver ce côté tueur dans les moments chauds qui lui a fait défaut lors des deux grands chelems précédents, face à Söderling et Berdych.
Nadal, première ?
Rafaël Nadal n'a, lui, pas besoin de se forcer pour conserver ce « killer instinct ». Il l'a dans les gènes, bien que ses deux défaites à Toronto en demies et Cincinnati en quarts, respectivement face à Murray et Baghdatis, laissent planer un léger doute quant à sa capacité à plier les rencontres sur dur dans l'adversité féroce. Lucide, le Majorquin reconnaît d'ailleurs dans AS que le niveau de jeu qu'il a développé lors de ces deux épreuves n'a pas été suffisant : « Si je veux avoir une chance de remporter l'US Open, mon tennis doit s'améliorer. » Désireux d'adapter sa filière de jeu classique (diriger l'échange avec son coup droit) à la surface dure, Nadal s'est souvent emmêlé les pinceaux, multipliant les fautes directes du fond et en retour, par manque de patience et excès d'agressivité. Trop tendre en revers, en témoignent ses slices inefficaces, le protégé d'oncle Toni devra trouver le bon compromis sur le ciment de Flushing Meadows, où il reste tout de même sur deux demi-finales. Vainqueur de Roland-Garros et Wimbledon cette saison, l'Espagnol s'est efforcé d'épargner ses genoux dès qu'il le pouvait, en zappant de son calendrier un tournoi qui lui est pourtant cher, Barcelone, et en coupant un bon mois après son sacre sur le gazon londonien. Conséquence, le numéro 1 mondial ne débarquera pas à l'US Open le réservoir vide, comme c'était le cas ces dernières années, et pourrait s'appuyer sur cette fraîcheur physique, et mentale, pour décrocher le seul grand chelem qui manque à son palmarès, à 24 ans seulement.
Djokovic en embuscade
Derrière les deux ogres du circuit, Novak Djokovic et Andy Murray, 3e et 4e mondiaux, se contentent des miettes depuis plusieurs saisons. À la différence de l'Écossais, le Serbe est parvenu, à l'Open d'Australie en 2008, à décrocher un titre du grand chelem, et espère bien en conquérir un deuxième en septembre, sur le sol américain. Le protégé de Marian Vajda connaît jusqu'à présent une saison moyenne, avec un seul titre décroché à Dubaï. Surtout, sa brève association avec Todd Martin a eu des conséquences dramatiques sur son service, au point qu'il pointe désormais au 33e rang seulement au pourcentage de jeux de service gagnés. Un véritable point noir dans son jeu qui le handicape depuis plusieurs mois maintenant, et explique en partie son manque de résultats. Sa difficulté à endurer les fortes chaleurs, réveillant chez lui de récurrents problèmes respiratoires, pourrait le handicaper à nouveau sur les courts de Flushing Meadows. Nole a d'ailleurs déjà eu un avant-goût de ce climat surchauffé à Toronto et Cincinnati, où il a chuté en demies et en quarts, respectivement face à Federer (7/5 au 3e) et Roddick. Des résultats plutôt encourageants pour le Serbe, qui souligne cependant son manque de confiance actuel, qui ne lui permet pas de négocier au mieux les moments-clés.
Murray, l'éternel favori
Andy Murray s'est lui rassuré en ce mois d'août. Après un échec en demi-finales à Wimbledon, vaincu en trois manches par Nadal, l'Écossais a repris du service fin juillet à Los Angeles, une semaine avant les principaux cadors. Désireux d'accumuler les rencontres tout autant que de la confiance, le ronchon Britannique a, certes, chuté en finale en terre californienne face à Querrey, mais a superbement enchaîné avec un titre acquis à Toronto une semaine plus tard. Victorieux de Nadal en demies puis Federer en finale, Murray a fait montre de sa grande solidité du fond, principalement en revers. À Cincinnati, il a fini par céder en quarts face à Fish au tie-break du troisième set, épuisé par deux rencontres précédentes également disputée en trois manches. Ses bonnes performances ne l'empêchent cependant pas d'être toujours bougon sur un court, frisant très souvent le manque de correction vis-à-vis de ses adversaires. Il n'y a qu'un premier titre du grand chelem, après lequel il court depuis 2008 et sa première finale dans un majeur (à l'US Open face à Federer), qui pourrait vraisemblablement lui arracher un franc sourire. Comme souvent, Andy Murray est l'un, voire le favori de nombreux spécialistes pour l'édition 2010 de l'US Open. Parviendra-t-il à débloquer son compteur, à 23 ans et après deux échecs
en finale de majeur face à Federer ? Réponse dans 19 jours.