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Économie - Analyse

Fermer le robinet pétrolier aux USA ? Un suicide pour le Venezuela

Une éventuelle suspension de l'envoi de pétrole aux États-Unis priverait Caracas « de 10,5 à 11 milliards de dollars d'ici à la fin de l'année ».
La menace de Hugo Chavez de couper le robinet pétrolier à son premier client, les États-Unis, s'ils soutenaient une attaque colombienne hypothétique contre le Venezuela, serait un « suicide économique » pour son pays en récession et très dépendant du brut, estiment des experts.
Le président vénézuélien, chef de file de la gauche radicale régionale, a lancé cet avertissement dimanche, trois jours après avoir rompu ses relations diplomatiques avec la Colombie, en réponse aux accusations de Bogota d'héberger 1 500 guérilleros et des dizaines de campements rebelles colombiens.
« S'il y avait une agression armée contre le Venezuela à partir du territoire colombien ou d'un autre endroit, soutenue par l'empire yankee, nous suspendrions l'envoi de pétrole aux États-Unis, même si nous devions manger des pierres », a lancé dimanche Chavez, qui dirige le 9e producteur mondial de brut.
« Suspendre la vente de pétrole aux États-Unis, le seul client qui paye toutes ses factures, serait littéralement un suicide économique, surtout compte tenu de la récession durable (...) et du taux d'inflation, qui est le plus élevé de la région », estime l'économiste Orlando Ochoa.
Washington, qui a assuré lundi ne « pas avoir l'intention d'entamer une action militaire contre le Venezuela » et désirer « poursuivre une relation énergétique profitable aux deux parties », est de loin le premier client du premier producteur de brut sud-américain.
En avril, le Venezuela exportait 950 000 barils par jour (b/j) vers les États-Unis, sur une production comprise entre 2,32 millions de b/j selon l'OPEP et 3,1 millions de b/j selon les autorités, rappelle l'économiste Jesus Cacique.
Suspendre l'approvisionnement à Washington priverait Caracas « de 10,5 à 11 milliards de dollars d'ici à la fin de l'année », calcule-t-il.
En outre, « le pays n'a pas de marché de substitution aussi facilement accessible que les États-Unis pour livrer son pétrole », précise-t-il, et Washington est un des rares pays à payer son brut comptant.
Nombre d'alliés du Venezuela bénéficient en effet d'accords leur permettant d'étaler jusqu'à la moitié de leurs paiements sur 25 ans ou de rembourser une partie de leur dette en produits alimentaires ou manufacturés.
Comme les ventes de brut représentent environ 90 % des entrées de devises du Venezuela, leur baisse ces derniers mois a contribué à alimenter la récession, aggravée par une crise énergétique sans précédent qui a rogné la productivité.
Le PIB a chuté de 3,3 % en 2009 et devrait encore se contracter de 3 % cette année, selon la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepal).
En outre, l'inflation est galopante dans ce pays fortement importateur où, faute de trouver des devises au cours officiel, en raison d'un strict contrôle des changes, nombre d'entreprises achètent leurs dollars beaucoup plus cher sur un marché parallèle. Les prix ont augmenté de 25,1 % en 2009 et déjà 16,3 % sur le premier semestre 2010, un record dans la région.
M. Cacique pense donc que M. Chavez ne mettra pas sa menace à exécution ou, sinon, « seulement à court terme, car en trois mois nous nous retrouverions dans une situation précaire (...), il n'y aurait plus de devises pour le commerce et l'industrie et l'inflation exploserait ».
Pour lui, cet avertissement relève surtout d'une rhétorique « politique et populiste », à deux mois d'élections législatives où le pouvoir redoute le réveil de l'opposition, qui avait boycotté le précédent scrutin en 2005.
La menace de Hugo Chavez de couper le robinet pétrolier à son premier client, les États-Unis, s'ils soutenaient une attaque colombienne hypothétique contre le Venezuela, serait un « suicide économique » pour son pays en récession et très dépendant du brut, estiment des experts.Le président...

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