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Moyen Orient et Monde - Reportage

En Afrique du Sud, « on a peur » des violences xénophobes après le Mondial

Des Zimbabwéens, Mozambicains et autres immigrés africains sont rentrés chez eux.
« C'est calme mais on a peur », lance Patricia dans un bidonville de Johannesburg. Deux ans après une vague de violences xénophobes contre des immigrés africains, cette Zimbabwéenne a reçu des menaces, tout comme certains de ses amis qui ont fini par fuir l'Afrique du Sud à la fin du Mondial 2010 de football. « On m'a dit : "Tu as une semaine pour dégager, sinon tu verras ce qui va t'arriver" », se souvient cette mère de famille dans le township de Tembisa, au nord de la ville.
Depuis mars, les rumeurs d'une nouvelle flambée de violences juste après la Coupe du monde (11 juin-11 juillet) ont parcouru le pays : agressions et pillages de magasins appartenant à des étrangers ont été rapportés dans la région du Cap, de Johannesburg et le nord-est de l'Afrique du Sud. Le ministre de la Police Nathi Mthethwa s'est dit prêt à intervenir tout en précisant qu'il n'y avait pas de violences xénophobes. Des groupes de jeunes délinquants « profitent des rumeurs », a-t-il déclaré.
Fuyant autant les auteurs de violences que la police à la chasse aux sans-papiers, des Zimbabwéens, Mozambicains et autres immigrés africains viennent de rentrer chez eux, mais aucune donnée n'était disponible sur l'importance de ce phénomène. « Beaucoup ont fait leurs valises et sont partis durant le week-end de la finale. Ils ont dit qu'ils ne voulaient pas être blessés », témoigne Patience Mathekga, foulard sur la tête. Cette étudiante de 19 ans vit dans le bidonville de Duduza à Tembisa où les maisonnettes en tôle s'entassent. « On ne va pas les chasser, mais on leur a donné du temps pour partir », souligne la jeune femme, à deux pas d'une décharge en plein air.
Face à cette menace, d'autres immigrés ont simplement mis en lieu sûr leurs biens pour éviter de tout perdre comme en mai 2008. Les Sud-Africains pauvres les avaient accusés de voler les emplois et de contribuer à la criminalité. Meurtres, passages à tabac, viols et incendies volontaires avaient fait 62 morts et des dizaines de milliers de déplacés. Deux ans plus tard, les conditions restent réunies pour une nouvelle explosion : pauvreté, haut niveau d'inégalité sociale, chômage, criminalité. La seule différence aujourd'hui réside dans la mobilisation des autorités, dont le manque de réaction était assimilé pour certains à un appui tacite. Le président Jacob Zuma est lui-même monté au créneau. Il a appelé tous les Sud-Africains à « s'unir » avec les étrangers, rappelant le soutien « impressionnant » au Ghana durant le Mondial. « Cet esprit d'unité africaine, d'amour et d'amitié doit continuer à prévaloir. L'Afrique du Sud fait partie intégrante du continent africain », a-t-il déclaré dimanche pour les 92 ans de Nelson Mandela à Mvezo (Sud-Est). Leaders politiques et religieux, syndicalistes ont relayé ce message de tolérance dans les communautés.
Sur le marché en terre battue de Duduza, les Sud-Africains assurent aimer leur prochain, mais ont toujours la dent dure contre les étrangers du bidonville. « Ils nous volent. Ils acceptent du travail pour presque rien », accuse Zoleka, vêtue d'une veste jaune en l'honneur de l'équipe nationale de football.
« C'est calme mais on a peur », lance Patricia dans un bidonville de Johannesburg. Deux ans après une vague de violences xénophobes contre des immigrés africains, cette Zimbabwéenne a reçu des menaces, tout comme certains de ses amis qui ont fini par fuir l'Afrique du Sud à la fin du Mondial 2010 de football....

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