Paul Wakim, la collection de la banque à la villa Audi

Depuis le retour de l'artiste de New York en 1987, Raymond Audi a suivi fidèlement son travail. Paul Wakim se souvient dans l'introduction du catalogue de l'exposition - lequel s'apparente plus à un livre d'artiste, entièrement rédigé par le peintre lui-même! - de la première visite du banquier à son atelier de Mkallès. «Son coup d'œil parcourait mes œuvres avec aisance malgré l'aspect difficile de certaines toiles, parfois chaotiques. Et il choisissait les plus accomplies avec une rapidité du regard se rapprochant de celle que j'effectuais pour poser sur la toile une touche de couleur», écrit-il.
Cette concordance de regards entre le peintre et le collectionneur est quasi perceptible dans l'accrochage de cette collection de grandes toiles (200 x 200 cm) réalisées entre 1985 et 2009 et formant un ensemble cohérent bien que subdivisé entre les thèmes suivants: «Gaze sur paysage», «Infinie peinture», «Le graphite et le lin», «La photographie du miroir», «Le parallélogramme», «Les rectangles de peinture» et «Les carrés de toile».
Des thèmes et des traitements divers pour un même souci de la couleur et de la lumière chez cet artiste, pour qui «l'idée de la peinture est le geste, infiniment». Et qui, à coups de tracés vifs et spontanés, de touches contrastées, droites, sinueuses ou ondoyantes, relie dans son travail peinture et poésie.
Expérimentation intellectuelle et mystique, la peinture de Paul Wakim transcrit ses réflexions et ses lectures, largement liées aux thématiques poétiques, en formes abstraites et lyriques.
Cela donne d'immenses écheveaux de couleurs, des masses entremêlées, des tourbillons de tracés au chromatisme intense et lumineux, qui aspirent le spectateur et l'emportent dans une sorte d'état méditatif tout intérieur.
Abstraction colorée donc ou abstraction blanche dans une série expérimentale réduisant l'acte de peindre au travail avec les matériaux de préparation du tableau: la toile de lin, l'apprêt blanc, le pinceau et le crayon graphite. Mais aussi une belle série de toiles plus figuratives, celles des paysages de la rivière de la vallée d'Adonis au sud de Byblos que Paul Wakim recouvre de gaze translucide pour en faire ressortir toute la puissance...poétique.

* Villa Audi, près Centre Sofil, Achrafieh. Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi, de 10h00 à 18h00.