Aravane Rezaï a gagné avec « la violence à l’intérieur »

Une enfance et un apprentissage difficiles ont donné à Aravane Rezaï « la violence à l'intérieur » qui lui a permis de remporter le tournoi de Madrid, a déclaré à Reuters Patrick Mouratoglou, entraîneur de la joueuse française.
La jeune femme d'origine iranienne a frappé les esprits en battant trois anciennes numéros un mondiales, Justine Henin au premier tour, Jelena Jankovic en quarts et Venus Williams en finale.
Pour Patrick Mouratoglou, cette soudaine émergence au plus haut niveau s'explique par le fait qu'Aravane Rezaï « n'a pas eu la même enfance que les trois quarts des gens. »
« Ça a été très dur et elle a cette violence à l'intérieur qu'elle sait faire ressortir quand il faut et qui est sa force, sa marque de fabrique », dit-il.
Quand il remonte le cours de la vie de la joueuse de 23 ans qu'il entraîne depuis décembre 2009, Patrick Mouratoglou rappelle qu'Aravane Rezaï s'est développée en marge de la fédération française sous la seule houlette de son père Arsalan.
« Ils n'avaient aucun moyen financier, ils s'entraînaient souvent après l'école, le soir, ils enlevaient la neige du court », précise-t-il.
« Le papa, comme il n'y avait pas d'éclairage, il mettait les phares de la voiture pour éclairer le terrain, ils s'entraînaient jusqu'à 11 heures du soir, après il fallait faire les devoirs... », ajoute-t-il.
« C'était une vie complètement hors normes et extrêmement difficile, et le mot est faible. Ils n'ont jamais été aidés, ils ont toujours été seuls et je pense qu'elle a vraiment vécu des choses que pas grand monde n'a vécu. C'est vrai que si on arrive à surmonter ça, on devient une force majeure. »

« Bosser comme des chiens »
Patrick Mouratoglou a reçu ses lettres de créance en poussant Marcos Baghdatis à s'épanouir pour atteindre la finale de l'Open d'Australie et la demi-finale de Wimbledon en 2006.
Il se dit désormais persuadé qu'Aravane Rezaï « a les moyens d'aller beaucoup plus haut » que sa victoire à Madrid et la remontée de la 24e à la 16e place au classement mondial.
« C'est juste une étape pour aller beaucoup plus haut. On est très contents mais on veut beaucoup plus que ça. C'est peut-être bizarre de dire ça juste après le match, mais c'est la réalité », dit-il.
À l'appui de cette ambition, il vante la performance de sa joueuse, notamment lors de la finale de Madrid face à Venus Williams qui a repris ce lundi à la Danoise Caroline Wozniacki le deuxième rang mondial juste derrière sa sœur Serena.
« Aravane a été très, très forte, vraiment très forte. Elle a été meilleure que ce que j'imaginais. Elle est rentrée sur le court pour la démonter. C'est ce qu'elle a fait au début, dit-il. Je pense que ça a été la clef du match parce qu'elle (Venus Williams) n'a jamais réussi à jouer son tennis comme si elle avait été marquée par ce début de match, comme si elle avait pris un uppercut d'entrée et avait été sonnée. »  À une semaine de l'ouverture de Roland-Garros, et même s'il souligne que « ça arrivera quand ça devra arriver », Patrick Mouratoglou reconnaît que « les grands chelems » sont désormais l'objectif d'Aravane Rezaï.
Il admet aussi avoir déjà réfléchi à sa stratégie pour les jours à venir. « Je n'ai l'intention ni de la cacher ni d'aller voir tous les médias tous les jours », dit-il. « J'ai l'intention de faire exactement ce qu'on fait d'habitude, à savoir nous concentrer sur notre travail et se préparer comme on doit se préparer pour un événement majeur, c'est-à-dire bosser comme des chiens, et c'est ce qu'on va faire à partir de demain. »