L'état d'urgence, décrété à Bangkok début avril, a été étendu à 15 autres provinces du nord et du nord-est du pays, bastion des « rouges ». Une mesure qui ne faisait que confirmer combien le plan de sortie de crise du Premier ministre Abhisit Vejjajiva était désormais moribond. Les « chemises rouges » ont exigé cette semaine, avant de se disperser, l'inculpation du n° 2 du gouvernement, Suthep Thaugsuban, qu'ils jugent responsable des violences du 10 avril (25 morts, plus de 800 blessés). Depuis, la situation ne cesse de s'aggraver. Abhisit a annulé les élections anticipées qu'il avait proposées en novembre en échange de la fin du mouvement.
Et l'armée a fait état de sa volonté d'envoyer des blindés pour prendre position autour du quartier, afin d'étrangler les « rouges ». L'opération devait intervenir à 18h00. Mais aucun blindé n'était visible plus de six heures heures après l'échéance. Le colonel Sunsern Kaewkumnerd, porte-parole militaire, avait averti que des « tireurs embusqués (seraient) déployés » et que l'usage de balles réelles serait autorisé en cas de menaces et contre des « terroristes armés ». L'eau courante, les lignes fixes et mobiles de téléphone ainsi que les transports publics dans la zone devaient aussi être interrompus. Officiellement, il ne s'agissait pourtant pas d'une dispersion par la force des manifestants, une opération extrêmement délicate dans ce quartier protégé par des barricades de bambous, de pneus et de barbelés tranchants, et dans lequel vivent des femmes et des enfants.
Les « chemises rouges » ont, de leur côté, lancé des appels au sacrifice. « Si vous pensez que tirer sur Seh Daeng va nous faire peur (...), vous avez tort », a proclamé Jatuporn Prompan, l'un des principaux leaders. « Peu importe qui a les armes, cela ne signifie rien pour les militants de la démocratie comme nous. Nous ne partirons pas. » « Nous nous battrons à mains nues contre des blindés et des armes automatiques », a-t-il ajouté, invitant les manifestants à utiliser leurs téléphones portables, pendant qu'il était encore temps, pour appeler du renfort.
La crise, la pire dans le royaume depuis 1992, a déjà fait 30 morts et près de 1 000 blessés depuis la mi-mars. Pour leur part, les États-Unis ont annoncé avoir fermé leur ambassade à Bangkok, se disant « très préoccupés » par les derniers développements sur le terrain. « Nous surveillons très attentivement » la situation, a déclaré le porte-parole du département d'État, Philip Crowley. Plus tard en soirée, le Royaume-Uni a également annoncé sa décision de fermer aujourd'hui son ambassade à Bangkok. « Nous surveillerons l'évolution de la situation au jour le jour » afin de voir quand la mission diplomatique pourra rouvrir, a déclaré à l'AFP une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.
commentaires (0)
Commenter