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Lifestyle - Hotte d'or

La décision

Je quitte les Carmélites à Vannes. J'y serais bien restée encore quelques semaines. Ce n'est pas que j'y ai reçu une annonciation, une révélation ou une espèce d'illumination, je n'ai pas été visitée ou frappée par une foudre mystique, mais j'y ai été sereine. Sereine et heureuse, loin de tout ce qui fait mon quotidien depuis des décennies. C'est superbe, un chagrin d'amour, c'est merveilleux ; une fois que l'on en sort, le monde est à nos pieds, c'est un pack d'énergie phénoménal et j'ai encore plus envie de vivre et de la croquer comme mille lionnes, cette putain de vie. Seul problème : je n'ai aucune envie de rentrer à Beyrouth, de trébucher dans le fantôme de Houssam, c'est peut-être un peu trop tôt, alors je demande au taxi de m'emmener à la gare. C'est fou une gare, c'est moins intense qu'un aéroport, évidemment, mais c'est tellement plus humain, plus instructif. Je me suis assise à la table d'un café, mon premier réflexe a naturellement été de demander une flûtette de Veuve Clicquot, mais je me suis bien doutée que Barbe Nicole de Ponsardin ne se trouverait pas en gare de Vannes. Je me suis rabattue sur un ballon de Chardonnay, le Chardonnay est un catalyseur, je pensais à un slogan : Le Chardonnay ? Quelle bonne idée ! Aïe. Heureusement que je n'ai jamais pensé faire carrière dans la publicité. Mais l'idée, la bonne, a jailli. Je vais faire le tour d'Europe. Pas les capitales ou les très grandes cités, non, des villages ou des petites villes que je ne connais pas mais dont le nom, comme chez André Gide, me transporterait rien qu'en l'épelant. Je souriais seule comme un bébé. Il faut juste que je m'organise - chose dont je ne raffole généralement jamais. J'ai demandé au joli serveur à la boucle d'oreille en forme de serpent de me donner un papier et de quoi écrire. Il faut d'abord que je décide de la durée de mon trip. Deux mois me semblent idéaux. Je me jette à la librairie de la gare et j'achète un Larousse que j'ouvre, presque comme un orgasme, en me jetant sur l'après-pages roses. Les noms propres. Les pays. Et je fais ma liste. Première étape : Périgueux, en France. Deuxième étape : Porto, au Portugal. Troisième étape : Cagliari, en Italie. Quatrième étape : Innsbruck, en Autriche. Cinquième étape : Nordjylland au Danemark. Sixième étape : Göteborg en Suède. Septième étape : Édimbourg, au Royaume-Uni. Huitième et dernière étape : Reykjavik, en Islande. Je suis heureuse, heureuse, heureuse. Je prends directement un aller simple de Vannes pour Paris, où j'y passe quelque 48 heures, histoire de renouveler ma garde-robe et de m'acheter un BlackBerry grâce auquel j'enverrai à ce cher Nagib Aoun, qui n'arrête pas de me gronder, mes billets d'Europe. Mon amie, ma sœur Emmanuelle Béart m'accompagne dans ma folie shopping et m'explique les vertus de ce smartphone pour lequel j'ai acheté un cache-couleur champagne. Deux jours plus tard, elle m'accompagne à la gare d'Austerlitz. Adieu Paris, à moi Périgueux, première escale de ma redécouverte de mon continent natal. Miam miam.

 

margueritek@live.com

Je quitte les Carmélites à Vannes. J'y serais bien restée encore quelques semaines. Ce n'est pas que j'y ai reçu une annonciation, une révélation ou une espèce d'illumination, je n'ai pas été visitée ou frappée par une foudre mystique, mais j'y ai été sereine. Sereine et heureuse, loin de tout ce...

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