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Économie - Crise budgétaire

La Grèce soulagée par le plan d’aide, mais sonnée par les sacrifices

L'État grec, confronté à une dette gigantesque de 300 milliards d'euros, pourra continuer à rembourser ses créanciers.
La Grèce, soulagée par le plan de sauvetage sans précédent de 110 milliards d'euros déclenché par ses partenaires, a promis hier de « protéger » les plus faibles face au « grand sacrifice » qui attend les Grecs, à deux jours d'une nouvelle grève générale.
Parallèlement, le gouvernement allemand, qui a longtemps traîné les pieds, a adopté hier le texte permettant le déblocage des prêts à la Grèce, qui devrait être voté dans la semaine par le Parlement. Berlin, premier contributeur, s'y est résolu car « c'est le seul moyen de garantir la stabilité de l'euro », comme l'a affirmé dimanche la chancelière Angela Merkel.
La décision historique prise dimanche à Bruxelles par la zone euro d'activer cette aide a une première conséquence concrète : l'État grec, confronté à une dette gigantesque de 300 milliards d'euros, pourra continuer à rembourser ses créanciers. La Grèce doit rembourser près de 9 milliards d'euros d'obligations le 19 mai. « Ils arriveront à temps », a assuré hier à l'AFP un responsable grec.
C'est un soulagement pour Athènes, qui avait dramatisé ces derniers jours les enjeux sur le risque de « faillite », martelant que les taux « prohibitifs » imposés par les marchés, autour de 9 % sur dix ans, ne lui permettaient plus d'emprunter de l'argent frais.
Le plan d'aide prévoit 80 milliards d'euros de prêts des pays de la zone euro sur trois ans et 30 milliards du Fonds monétaire international (FMI) sur la même période. Soit un total de 110 milliards d'euros.
« J'ai convaincu les Européens qu'il fallait cet effort massif pour éviter à la Grèce d'avoir recours au marché pendant 18 mois », a déclaré le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn.
Selon les économistes, les besoins de financement grecs sont désormais couverts, au moins pour la première année, et la Grèce assure qu'elle retournera se financer sur les marchés dès qu'ils auront allégé leur pression.
La zone euro, où un débat sur le renforcement du pacte de stabilité est lancé, a déclenché dimanche l'aide en contrepartie d'un plan de rigueur, lui aussi sans précédent, dévoilé quelques heures plus tôt à Athènes. Cette cure d'austérité vise à réduire le déficit public grec de 30 milliards d'euros supplémentaires sur trois ans pour le ramener fin 2014 dans les limites européennes, en dessous de 3 % du produit intérieur brut (PIB). Le déficit a touché le fond l'an dernier, autour de 14 % du PIB.
Le Parlement grec doit voter à la fin de la semaine le plan d'austérité, qui relève de deux points à 23 % le taux principal de la TVA, et augmente notamment les taxes sur le carburant, l'alcool et le tabac. Il prévoit en outre la suppression des 13e et 14e mois de salaires dans la fonction publique, et des 13e et 14e mensualités des retraites.
Pour les Grecs, ce plan est surtout synonyme d'efforts douloureux. Et les syndicats ont aussitôt appelé à « faire barrage » à ces mesures « antisociales », dès la troisième grève générale en moins de trois mois, prévue demain. Fonctionnaires et enseignants sont appelés à la grève dès aujourd'hui. Mercredi, l'activité devrait être en grande partie paralysée, notamment dans les transports. Les syndicats, qui peinent à mobiliser au-delà de leur public traditionnel, espèrent réussir à engager l'épreuve de force avec le gouvernement maintenant que la douloureuse est connue.
Le gouvernement « va protéger les groupes sociaux faibles en établissant un filet de sécurité », a promis hier le Premier ministre George Papandréou, faisant écho à Dominique Strauss-Kahn qui assure que les mesures ont été élaborées de manière à préserver « les plus vulnérables ».
Mais la presse grecque retenait surtout lundi « le grand sacrifice » imposé aux Grecs et prédisait des années d'« asphyxie ».
La Bourse d'Athènes a d'ailleurs perdu 0,88 % hier, refroidie par une récession qui, sous le coup de ces mesures drastiques, s'annonce cette année deux fois plus grave que prévu (-4 %). L'humeur était mitigée sur les autres grandes places et sur le front des changes. Mais les taux des obligations grecques se sont nettement détendus, tout comme ceux des obligations portugaises.
En Espagne comme au Portugal, deux autres pays très endettés de la zone euro, on veut croire que le risque de contagion de la crise grecque est écarté - même si les avis des économistes divergent sur la question.
La Grèce, soulagée par le plan de sauvetage sans précédent de 110 milliards d'euros déclenché par ses partenaires, a promis hier de « protéger » les plus faibles face au « grand sacrifice » qui attend les Grecs, à deux jours d'une nouvelle grève...

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