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Moyen Orient et Monde - Réconciliation

Sérieux coup de froid dans les relations arméno-turques

L'Arménie accuse la Turquie de poser des « conditions préalables » à leur réconciliation après un siècle d'hostilité.
L'Arménie a gelé hier la ratification d'accords historiques avec la Turquie. Cette décision réduit à néant le mince espoir qu'il restait de voir avancer rapidement le rapprochement arméno-turc après des mois de blocage, selon des analystes. « Nous avons décidé après consultation de nos partenaires de la coalition et du Conseil national de sécurité de ne pas abandonner pour le moment le processus, mais plutôt de suspendre la procédure de ratification des protocoles », a déclaré le président arménien, Serge Sarkissian, dans une adresse à la nation. Il a ainsi confirmé le gel du processus annoncé plus tôt dans la journée par les trois partis formant la majorité au Parlement arménien, reprochant à la Turquie de poser des « conditions préalables » à la ratification des accords historiques. Erevan accuse Ankara de vouloir lier les efforts de réconciliation au conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan voisin sur le Nagorny-Karabakh, territoire azerbaïdjanais peuplé majoritairement d'Arméniens.
M. Sarkissian a toutefois insisté sur le fait que l'Arménie ne se retirait pas complètement du processus, « parce que nous voulons maintenir l'élan actuel pour la normalisation des relations, car nous voulons la paix », a-t-il dit.
À Ankara, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a lui aussi indiqué qu'il restait attaché à un rapprochement avec l'Arménie, mais répété que le succès de ce processus dépendait des progrès sur le Nagorny-Karabakh. « Nous avons exprimé à plusieurs reprises notre engagement au regard de la lettre et de l'esprit des protocoles (de réconciliation) et l'objectif de les mettre en pratique », a déclaré M. Erdogan à la presse, après l'annonce du gel par les trois partis de la majorité parlementaire arménienne.
Il a rappelé qu'Ankara tenait à « une paix globale dans la région » avant de demander la ratification des accords turco-arméniens, une référence au conflit arméno-azerbaïdjanais.
La Turquie et l'Arménie, divisées sur la question des massacres d'Arméniens sous l'Empire ottoman (1915-1917), ont signé en octobre dernier à Zurich, en Suisse, deux protocoles historiques prévoyant des relations diplomatiques et la réouverture de leur frontière commune. Mais depuis, la ratification de ces documents traîne en longueur en raison des différends sur les massacres d'Arméniens, qu'Erevan qualifie de génocide, un terme que rejette résolument Ankara, et du contentieux sur le Nagorny-Karabakh. M. Sarkissian l'a répété à M. Erdogan le 12 avril à Washington, soulignant que l'Arménie n'accepterait pas que le processus de normalisation dépende de « conditions préalables », une allusion au Nagorny-Karabakh. De son côté, la Turquie reproche à l'Arménie de remettre sur la table la question des massacres d'Arméniens par les Ottomans-Turcs, pendant la Première Guerre mondiale.
Selon des analystes, la décision d'Erevan vise d'abord à intensifier la pression sur la Turquie. « Il s'agit d'une tactique politique plutôt que d'un revirement de stratégie politique », estime Richard Giragosian, qui est basé à Erevan. Pour sa part, l'analyste politique Gevorg Pogossian, également installé à Erevan, a indiqué que la décision arménienne constitue un « grand pas en arrière dans le processus (de normalisation) ». « Je ne suis pas sûr qu'il puisse être poursuivi sous sa forme actuelle », a-t-il encore souligné. L'annonce d'Erevan intervient deux jours avant qu'Erevan ne célèbre le 95e anniversaire des massacres sous l'Empire ottoman, durant la Première Guerre mondiale. La réconciliation, encouragée par Washington et l'Union européenne, favoriserait le développement économique de l'Arménie et serait un atout diplomatique pour la candidature d'Ankara à l'UE.
L'Arménie a gelé hier la ratification d'accords historiques avec la Turquie. Cette décision réduit à néant le mince espoir qu'il restait de voir avancer rapidement le rapprochement arméno-turc après des mois de blocage, selon des analystes. « Nous avons décidé après consultation de nos partenaires...

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