M. Van Rompuy est sous pression de la part de la France et l'Espagne. Hier, le président français Nicolas Sarkozy et le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero ont publiquement demandé la tenue d'une telle réunion, « juste avant » un sommet de l'ensemble de l'Union européenne programmé jeudi et vendredi à Bruxelles. L'idée serait d'une part de parler de la « gouvernance économique de la zone euro », et d'autre part d'aider « la Grèce à avancer ». Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a aussi estimé que ce serait une « bonne chose », dans un entretien à l'AFP. Le sommet pourrait se tenir demain matin à Bruxelles, selon une source diplomatique, dans l'espoir de désamorcer la polémique avant la réunion de toute l'UE, qui sinon menace de tourner au vinaigre tant les pays du bloc se déchirent sur la Grèce.
La tenue d'un sommet des dirigeants de la zone euro serait exceptionnelle. Un seul a eu lieu à ce jour, en octobre 2008 à Paris durant la présidence française de l'Union européenne, pour tenter de définir une position européenne commune face à la crise bancaire et financière qui ébranlait la planète. À l'époque, la chancelière allemande Angela Merkel s'était fait prier pour y participer car elle rechignait à des plans publics de sauvetage des banques en difficulté. Elle avait fini par se rallier à un programme d'action coordonné après avoir constaté que les établissements de son propre pays vacillaient. Près d'un an et demi plus tard, le contexte est différent, mais les réticences allemandes demeurent. Il s'agit cette fois de sauver la Grèce, confrontée à une crise budgétaire sans précédent en raison d'une dette énorme et de déficits revus fortement à la hausse. Or, la chancelière allemande refuse dans l'immédiat d'approuver la mise sur pied d'un dispositif d'aide de la zone euro en faveur de la Grèce, même s'il ne serait utilisé qu'en cas de besoin. Elle évoque comme alternative un recours au Fonds monétaire international (FMI), que refuse pourtant la Banque centrale européenne (BCE). « Je ne suis pas en faveur d'un recours de la Grèce à un programme du FMI », a dit hier le nouveau vice-président désigné de la BCE, Vitor Constancios, car « avoir recours au FMI pour un membre de la zone euro pourrait être interprété au niveau international comme un signe de faiblesse de nos institutions ». La BCE et une majorité de pays privilégient une solution européenne, avec éventuellement un apport du FMI.
Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a indiqué hier qu'il ne se rendrait pas en « mendiant » au sommet de jeudi et vendredi, mais qu'il attendait des dirigeants européens qu'ils mettent en place un mécanisme « permettant si nécessaire de soutenir » son pays. « La Grèce veut une solution européenne », a-t-il souligné. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, d'ordinaire peu enclin à croiser le fer avec les grands États de l'UE, n'hésite pas cette fois à exercer une pression maximale sur l'Allemagne pour approuver un plan d'aide, au nom de la « solidarité » européenne. « La Commission pense que c'est nécessaire maintenant », a-t-il dit dans une interview publiée hier dans le Financial Times.
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