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Nucléaire : la Russie perd patience face à l'Iran, mais reste ambiguë

L'Iran pouvait compter depuis des années sur le soutien de la Russie face à l'opposition des puissances occidentales à son programme nucléaire controversé, mais Moscou a récemment haussé le ton tout en restant ambigu vis-à-vis de nouvelles sanctions.

Après avoir été longtemps opposée à des sanctions contre la République islamique, la Russie n'exclut désormais plus cette option soutenue par trois des cinq autres membres du conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne), la Chine réclamant davantage d'efforts diplomatiques.

Les déclarations en ce sens de hauts responsables russes se sont multipliées depuis que Téhéran a décidé la semaine dernière de commencer l'enrichissement de son uranium jusqu'à 20% à des fins civiles, selon l'Iran, qui est accusé par l'Occident de vouloir se doter de l'arme atomique.

Disposant d'une importante capacité d'influence sur l'Iran, la Russie cherche avant tout à éviter que la crise autour du nucléaire iranien n'aggrave de manière considérable les tensions dans la région du Golfe, explique le directeur du Centre des études contemporaines iraniennes à Moscou, Radjab Safarov.

"La Russie ne veut pas d'un cataclysme, dans la mesure où cela pourrait nuire à ses propres intérêts. L'Europe est loin de l'Iran, tandis que la Russie est quasiment un voisin", a déclaré M. Safarov à l'AFP.

"Au cours des derniers mois, la Russie a beaucoup changé dans son attitude vis-à-vis de l'Iran. Mais c'est le ton qui a changé", la position russe restant "dans l'ensemble inchangée", relève l'expert.

Téhéran a rejeté récemment l'offre faite le 21 octobre par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'enrichir à 20% l'uranium iranien en dehors du territoire iranien, par exemple en Russie, avant de le transformer ensuite en France en combustible.

Les craintes de la Russie, irritée par ce refus, ne sont maintenant "plus très loin" de celles de l'Europe et des Etats-Unis, estime le président de la commission des Affaires étrangères à la chambre basse du Parlement russe, Konstantin Kossatchev.

Aux yeux du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, "il est important que le régime de non-prolifération soit respecté". "C'est notre position commune avec les Etats-Unis. Nous ne sommes pas d'accord à 100% sur les méthodes de sa réalisation", a-t-il dit.

Cependant, observe l'analyste russe Alexeï Malachenko, les "déclarations sévères" de responsables russe ne sont qu'une "réaction contre (le président iranien Mahmoud) Ahmadinejad qui ne respecte pas les règles du jeu et n'en fait qu'à sa tête. Au fond, rien n'a changé dans la position russe", dit-il.

"Ce qui intéresse la Russie, c'est que la situation reste en suspens. Si Ahmadinejad cède aux pressions, la Russie sera d'abord glorifiée, mais ensuite son rôle sera minime, car on pourra continuer sans elle", explique M. Malachenko, du centre Carnegie.

Le président iranien "comprend le jeu de la Russie et il est persuadé qu'elle va faire marche arrière", en refusant finalement de se joindre à de nouvelles sanctions, prédit l'expert.

Pour tenter de convaincre la Russie du bien-fondé de mesures contraignantes contre Téhéran, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, - dont le pays est l'ennemi juré de l'Iran - a appelé lundi au cours d'une visite à Moscou à l'adoption de "sanctions qui font mal".

Deux jours plus tard, la Russie annonçait le report de la livraison à Téhéran de systèmes antimissile S-300, vue d'un très mauvais oeil par Israël et les Occidentaux.

Mais "en dépit de ces déclarations menaçantes, il est très clair que la Russie n'apporterait pas son soutien à de nouvelles sanctions si le Conseil de sécurité devait se prononcer maintenant", estime M. Safarov.

L'Iran pouvait compter depuis des années sur le soutien de la Russie face à l'opposition des puissances occidentales à son programme nucléaire controversé, mais Moscou a récemment haussé le ton tout en restant ambigu vis-à-vis de nouvelles sanctions.
Après avoir été longtemps opposée à des sanctions contre...