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Lifestyle - Cinéma

L’ombre de Polanski plane sur la 60e Berlinale

« The Ghost-Writer » du réalisateur franco-polonais devait ouvrir le festival.

L'ombre de Roman Polanski planait hier sur la 60e Berlinale où entrait en lice pour l'Ours d'or son palpitant thriller « The Ghost-Writer », analyse caustique d'une traque médiatique que le cinéaste franco-polonais aux arrêts domiciliaires en Suisse a lui-même subie.
Son film devait ouvrir le festival, mais les organisateurs ont reculé, car Polanski attend en Suisse une éventuelle extradition vers les États-Unis pour des « relations sexuelles illégales » avec une mineure datant de 1976. « Cela aurait pu être interprété comme une prise de position sur un sujet dont nous ne voulions pas nous mêler », a expliqué le directeur du festival, Dieter Kosslick.
Tiré du roman du chroniqueur politique et écrivain Robert Harris L'homme de l'ombre, The Ghost-Writer - dont Alexandre Desplat a signé la musique - suit Adam Lang (Pierce Brosnan), sulfureux ex-Premier ministre britannique qui n'est pas sans rappeler Tony Blair. Lorsque son « nègre » littéraire se noie après être passé par-dessus bord d'un ferry à la veille de la publication des Mémoires d'Adam Lang, l'éditeur de celui-ci recrute une nouvelle plume (Ewan McGregor) pour terminer le manuscrit. Installé dans la froide et luxueuse villa de Lang sur une île désolée, le nouveau « nègre » mène l'enquête sur le passé de l'homme politique et son engagement controversé auprès des États-Unis dans le conflit irakien.
L'épouse (Olivia Williams), la secrétaire (Kim Cattrall, la mangeuse d'hommes Samantha, dans la série américaine Sex and the City) et un vieil ami (Tom Wilkinson) du politicien vont tantôt l'aiguiller, tantôt l'égarer...
Des dialogues vifs et drôles, une mise en scène enlevée qui ménage un bon suspense et une distribution sans faille embarquent le spectateur dans ce thriller où Polanski fait preuve d'autant de maîtrise qu'avec Frantic (1988) où jouait Harrison Ford.
Polanski sème aussi de savoureux clins d'œil tragi-comiques : un homme s'échine à remplir une brouette de feuilles mortes que le vent disperse, le « nègre » enfourche virilement son vélo... qui s'enlise lamentablement dans le gravier de l'allée. Tendre pour ces héros trop humains ballottés par les évènements, le regard du cinéaste se fait tranchant pour débusquer les rouages d'un jeu politico-médiatique dénué de sentiments. Aussi charismatique qu'insaisissable, Adam Lang personnifie l'homme de pouvoir aux réseaux empreints de zones d'ombre, habitué à être servi, prêt à manipuler son entourage pour sa carrière. Brutalement traîné dans la boue - il aurait favorisé l'enlèvement de supposés terroristes islamistes torturés par la CIA -, Lang se voit cloué au pilori, en direct à la télévision. Il est forcé de rester aux États-Unis pour échapper à la justice de son pays, une expérience qui n'est pas sans rappeler celle de Polanski, resté plus de 30 ans sans fouler le sol américain après avoir fui le procès qui le rattrape aujourd'hui.
D'où un effet de miroir sur lequel joue le cinéaste avec ironie, notamment lorsque Lang s'efforce de composer une mine de circonstance, ni hautaine ni abattue... pour tenter de contenir la curée médiatique.

L'ombre de Roman Polanski planait hier sur la 60e Berlinale où entrait en lice pour l'Ours d'or son palpitant thriller « The Ghost-Writer », analyse caustique d'une traque médiatique que le cinéaste franco-polonais aux arrêts domiciliaires en Suisse a lui-même subie.Son film devait ouvrir le festival, mais les organisateurs ont...

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