En décembre, deux journaux du groupe de presse al-Ghad, dont Seif al-Islam avait soutenu la création, ont été contraints de suspendre la publication de leur version papier. Les journaux avaient publié des articles sur des affaires de corruption présumée. Al-Ghad avait expliqué avoir été l'objet de pressions très fortes de la part de l'imprimeur, une entreprise d'État, et de dirigeants libyens qui lui reprochaient un article sur un remaniement ministériel à venir.
Un haut responsable libyen, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat dans le journal Asharq al-Awsat, a expliqué que Seif al-Islam n'était pas près d'assumer un rôle au sein du gouvernement et qu'il s'en tenait à sa décision, prise en 2008, de se retirer de la vie publique.
Des observateurs font valoir que Seif al-Islam se contente peut-être d'attendre son heure. « Nous croyons que le guide (Kadhafi) continue de souhaiter que Seif al-Islam devienne le coordinateur des directions populaires et qu'il prenne en charge la gestion des affaires nationales au quotidien », estime Charles Gurdon, expert des questions libyennes au sein du cabinet de conseil Menas Associates.
Une image de réformateur
Les analystes notent que le fils de Kadhafi doit s'assurer d'un soutien de l'opinion publique s'il veut réussir à mettre la vieille garde sur la touche et imposer son autorité à des personnalités influentes, comme le ministre des Affaires étrangères, Musa Kusa, et l'ancien chef du renseignement, Abdullah Senusi. Ses partisans affirment qu'il entrera au gouvernement lorsque auront été instaurées une certaine dose de liberté politique dans le pays et un peu plus de transparence dans les institutions.
Depuis plusieurs années, Seif al-Islam cultive une image de réformateur décidé à s'attaquer au pouvoir des apparatchiks dans un pays qui est sorti de plusieurs années d'isolement diplomatique et qui a commencé à coopérer avec l'Occident sur des questions de sécurité et d'immigration.
Des entreprises comme BP ou Exxon Mobil investissent des milliards de dollars pour exploiter les ressources pétrolières libyennes. Mais cette ouverture et la fin des sanctions ne se sont pas traduites par une ouverture politique, les conservateurs restant déterminés à dresser des obstacles sur la route qui pourrait mener Seif al-Islam à succéder à son père. « La plupart des projets (de Seif al-Islam) ont échoué parce que... les oligarques cherchent à saper tous les projets de développement voulus par Seif et dont les Libyens ont besoin », écrit l'analyste politique Tahani Darb sur le site réformateur Jeel-Libya.
Les partisans d'une réforme institutionnelle font toutefois valoir que Seif al-Islam a plus de chance de prendre la tête du gouvernement que ses frères, comme Mutassim Kadhafi, conseiller à la Sécurité nationale, dont les apparitions publiques sont très rares.
Tom PFEIFFER (Reuters)
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