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Haïti : des survivants extraits des décombres, des sans-abri désespérés

Des survivants ont encore été extraits des décombres dimanche à Port-au-Prince près de cinq jours après le séisme qui a dévasté Haïti, mais la situation des blessés et des sans-abri était désespérée même si l'aide internationale arrivait enfin au compte-gouttes.

Alors que l'ampleur de la tragédie commençait à peine à se dessiner dans l'ensemble du pays, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a évoqué un bilan de 40.000 à 50.000 morts, correspondant aux évaluations des autorités locales.

Plus de 25.000 corps ont été ramassés et ensevelis après le tremblement de terre du 12 janvier, a déclaré à l'AFP le Premier ministre, Jean-Max Bellerive. Le gouvernement parle aussi de 250.000 blessés et de 1,5 million de sans-abri.

Trois Haïtiens relativement indemnes ont été extraits à l'aube des décombres d'un supermarché, ont annoncé des secouristes américains et turcs, qui s'employaient à dégager une quatrième victime. Ces trois rescapés s'ajoutent aux 70 survivants retrouvés à Port-au-Prince, depuis l'énorme secousse d'une magnitude 7. Quelque 43 équipes internationales sont engagées sur place, totalisant 1.739 sauveteurs et 161 chiens.

"Les 72 premières heures sont décisives. Après ça, les chances de retrouver des survivants sont très minces", note un secouriste espagnol. Les sauveteurs redoutent surtout la chaleur qui accélère la déshydratation des victimes.

Le chaos régnait dans les rues où la distribution de l'aide internationale était rendue extrêmement difficile par la destruction des principales voies de communication.

Des policiers ont fait feu dimanche matin sur des pillards dans un marché, tuant au moins l'un d'entre eux, a constaté l'AFP. Un autre pillard s'est immédiatement emparé du sac à dos de la victime.

"Ils volent n'importe quoi. Que cela leur serve ou non. C'est de la folie. Nous avons reçu l'ordre d'uniquement les disperser", confie un policier, Louis Jean Eficien. "Notre travail ne sert à rien. Nous ne sommes pas protégés et nous avons peur".

La situation des milliers de sans-abri était "désespérée", a expliqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

"Il y a des corps gonflés en décomposition dans les rues, un liquide jaune coule de beaucoup d'entre eux. Les mobylettes et les voitures les contournent mais personne ne regarde", raconte un représentant du CICR, Simon Schorno, alors que les hôpitaux sont submergés par un flux incessant de blessés.

Dans l'hôpital de campagne du quartier de Martissant, seuls quatre médecins étaient présents pour 400 patients. "L'hôpital déborde de monde et des dizaines de blessés et de malades attendent à la porte", souligne le CICR. Une cinquantaine de médecins expatriés sont attendus "mais pour certains, ce pourrait être trop tard", ajoute-t-il.

La distribution des secours paraissait enfin s'organiser, alors qu'au total 10.000 soldats américains devaient être sur zone lundi, à terre ou au large, pour sécuriser la distribution des secours.

Sur le pont du porte-avions américain Carl Vinson, les hélicoptères décollaient à la chaîne pour apporter vivres et eau potable aux quatre coins de Port-au-Prince.

Après quelques minutes de vol, un appareil arrive ainsi à la verticale d'une colline, où, à la surprise de l'équipage, des soldats de la 82e division aéroportée attendent le chargement. Ils ont improvisé un périmètre de sécurité avec des chaises et surveillent, armés, les centaines de sinistrés prêts à recevoir les vivres tant espérés.

En cinq minutes, une chaîne se forme, les cartons sont déchargés dans le calme. "Si les soldats n'avaient pas été là, les gens auraient pu courir vers nous", commente le chef de la mission héliportée.

Au retour d'un hélicoptère sur le porte-avions, une blessée a accouché d'un garçon. Le Carl Vinson dispose de dizaines de lits médicalisés et de trois salles d'opération.

Mais en dehors de la capitale, les destructions et le malheur des survivants paraissaient encore pire qu'à Port-au-Prince, notamment à Léogâne, une ville située tout près de l'épicentre du séisme où 90% des bâtiments ont été détruits, selon l'ONU.

"C'est une petite distribution qui n'est pas du tout digne et qui ne correspond pas à la catastrophe que nous avons vécue", enrage un habitant, Maxime Dumont, au passage d'un petit convoi d'aide humanitaire venu de la capitale, distante d'une trentaine de kilomètres.

Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, arrivé sur place dimanche, Haïti fait face à la pire crise humanitaire pour la planète "depuis des décennies".

Trois priorités s'imposent pour M. Ban, qui doit participer lundi à une réunion spéciale du Conseil de sécurité : sauver le plus de monde possible, apporter d'urgence une aide humanitaire, l'eau, la nourriture, les médicaments et coordonner l'aide extérieure.

Médecins sans Frontières, qui a vu un de ses avions-cargo empêché d'atterrir à Port-au-Prince samedi soir, a lancé un appel d'urgence afin que les appareils transportant du matériel médical puissent se poser le plus rapidement possible.

Des survivants ont encore été extraits des décombres dimanche à Port-au-Prince près de cinq jours après le séisme qui a dévasté Haïti, mais la situation des blessés et des sans-abri était désespérée même si l'aide internationale arrivait enfin au compte-gouttes.
Alors que l'ampleur de la...