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Économie - Changes

Nostalgiques ou étourdis, les Européens gardent leurs anciennes monnaies

Faire les soldes en francs dans un village français ou payer en deutsche marks chez C&A : des millions de billets libellés dans les anciennes monnaies de la zone euro sont encore en circulation, cachés dans une tirelire ou jalousement gardés par les nostalgiques.
Le montant total du liquide conservé par les Européens s'élève à environ 14 milliards d'euros, selon une étude récente de l'entreprise allemande GFC, spécialisée dans l'échange de devises.
Le champion est sans surprise l'Allemagne, première économie européenne où l'attachement au deutsche mark est encore vif, quand la monnaie unique européenne est parfois vilipendée comme « Teuro », un jeu de mots entre euro et « teuer », qui signifie « cher ».
Au total, selon la Bundesbank, 14 milliards de deutsche marks, soit l'équivalent de près de 7 milliards d'euros, sont encore en circulation.
Suivent l'Espagne, où est toujours conservé 1,74 milliard d'euros en pesetas, et l'Italie avec l'équivalent d'environ 1,34 milliard d'euros en lires.
En France, 4,4 milliards de francs, soit environ 625 millions d'euros, dorment toujours dans les tirelires. « Soit les gens ne savent pas que c'est dans l'armoire du grand-père, soit ils ne se pressent pas de les échanger », déplore-t-on à la Banque de France.
« On parle parfois de nostalgie. Mais, très honnêtement, c'est aussi de la paresse. Les gens n'ont pas le courage de chercher leurs pièces, de les envoyer », affirme à l'AFP Axel Westerwelle de GFC.
Il y a aussi tous ceux qui détiennent des devises étrangères et qui ne savent pas à qui s'adresser. Selon GFC, sur les 14 milliards de marks toujours en circulation, seulement « un tiers, voire la moitié », sont en Allemagne.
Autre explication : l'espoir de la bonne affaire en revendant à un collectionneur. « Quand les billets ont été conservés et sont en bon état, leur valeur numismatique commence à dépasser leur valeur d'échange », estime Kari Takala, conseiller de la Banque centrale finlandaise.
En attendant, pour surfer sur la nostalgie ou profiter d'une manne potentielle, certains commerçants en Europe n'hésitent pas à proposer de continuer à payer dans les vieilles monnaies.
En Allemagne, on peut ainsi toujours payer en deutsche marks dans la chaîne de vêtements C&A, qui applique un taux de change fixe et rend la monnaie en euros.
« Depuis 2004, nous avons récupéré 50 millions de deutsche marks », explique à l'AFP un porte-parole de C&A. « Et, à chaque fois, ce sont les mêmes histoires... Des parents qui meurent, les meubles sont démontés, les murs cassés, les vêtements triés et on trouve l'argent ! » selon lui.
En France, les habitants de Carpentras (Vaucluse) ont pu faire leurs achats de Noël avec leurs vieux billets Pierre et Marie Curie (500 F) ou le Gustave Eiffel de 200 F. Dans la commune du Blanc (Indre), les commerçants ont accepté 1 million de francs depuis le lancement en 2007 d'une opération « Payer en francs ».
En Espagne, ce sont 1 500 commerces d'Andalousie qui se sont prêtés l'an dernier à une opération « anticrise », en espérant contrer la baisse de la consommation en proposant de payer en pesetas.
Ces coups marketing pourraient durer longtemps : quatre pays - l'Allemagne, l'Irlande, l'Espagne et l'Autriche - n'ont fixé aucun délai pour l'échange des devises. Dans d'autres, comme la Belgique, seul l'échange des billets est illimité.
Les huit autres pays, soit la moitié de la zone euro, ont fixé des dates limites pour l'ensemble des devises : en France par exemple, si le délai pour les pièces est dépassé, il reste encore 5 billets qui peuvent encore être échangés auprès de la Banque de France jusqu'au 17 février 2012.
Faire les soldes en francs dans un village français ou payer en deutsche marks chez C&A : des millions de billets libellés dans les anciennes monnaies de la zone euro sont encore en circulation, cachés dans une tirelire ou jalousement gardés par les nostalgiques.Le montant total du liquide conservé par les Européens...

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