France : Vieira peut-il encore croire au Mondial 2010 ?

Le départ de Patrick Vieira de l'Inter Milan où il ne jouait plus pour Manchester City relance les spéculations autour de l'avenir du joueur en équipe de France, alors qu'il ne reste plus que six mois avant le Mondial 2010.
« J'avais envie d'aller à la Coupe du monde, et j'ai besoin de temps de jeu », a bien expliqué le milieu de terrain en annonçant sa décision de quitter l'Inter de Milan où il jouait peu.
L'ombre du « Long » va encore planer sur la prochaine liste de Raymond Domenech, sans doute fin février avant l'amical contre l'Espagne le 3 mars au Stade de France. Avec en toile de fond cette interrogation lancinante : Vieira a-t-il encore sa place en équipe de France ? Peut-il figurer parmi les 23 pour l'Afrique du Sud cet été ?
La dernière de ses 107 sélections remonte à un amical perdu contre le Nigeria (1-0) à Saint-Étienne, où le milieu de 33 ans avait malheureusement bien fait son âge.
Depuis cette date, le sélectionneur n'a eu aucun scrupule à retenir Franck Ribéry malgré sa blessure au genou gauche en août dernier pour la reprise des qualifications du Mondial, mais n'a pas voulu prendre de risque avec Vieira.
L'Euro 2008 est encore dans toutes les mémoires. Contrairement à ce qu'il avait annoncé avant le début du tournoi - tous les joueurs devront être à 100 % -, Domenech avait pris Vieira dans les 23 alors qu'il s'était blessé pendant la préparation.

« Qu'il joue, qu'il répète les matches »
Résultat : « Pat » n'avait pas joué une seule minute, ruminant son mal-être dans les vestiaires, plombant une atmosphère qui n'avait déjà pas besoin de ça chez des Bleus minés par des conflits de générations à l'Euro 2008. Pire, Vieira avait repris la parole la veille de France-Italie, dernier match des Bleus, pour pointer un doigt accusateur sur l'encadrement médical de l'équipe. Ambiance.
Depuis juin dernier, Domenech n'a pas changé de discours : « Pat a besoin de jouer beaucoup pour revenir à son niveau, on connaît son poids (en Bleu), mais il faut qu'il joue, qu'il répète les matches, j'espère qu'il va jouer, à l'Inter Milan ou ailleurs, le plus possible. Il faut un maximum de joueurs opérationnels. »
Même si Vieira a retrouvé un nouveau club, des questions demeurent. Le joueur est désormais confronté à une course contre la montre incroyable pour revenir dans les écrans radars de l'équipe de France.
En son absence, la paire de récupérateur Toulalan-Lassana Diarra, après avoir essuyé des critiques sur son manque d'apport offensif, a su hisser son niveau de jeu. Aujourd'hui, cette charnière semble indéboulonnable, cultive ses automatismes, et a toutes les chances d'être alignée en Afrique du Sud.

Toulalan-Lassana Diarra en place
Domenech peut-il risquer de toucher à sa hiérarchie au milieu ou de déstabiliser Toulalan et Lassana Diarra ? Et comment serait accueilli chez les Bleus un Vieira aux déclarations tapageuses en novembre dernier ? « Je sais qu'à mon poste, il n'y a pas meilleur que moi en France à l'heure actuelle, cela peut paraître prétentieux mais j'en suis persuadé », avait-il ainsi lâché à L'Équipe.
« Pff... À savoir s'il a vraiment dit ça », avait d'abord commenté Alou Diarra, quelques jours plus tard lors d'un rassemblement à Clairefontaine, lui qui vient derrière Toulalan et son homonyme Lassana dans la hiérarchie des milieux récupérateurs en Bleu. Alou Diarra avait ensuite ajouté : « Chacun a le droit de penser ce qu'il veut. Les joueurs qui sont ici (à Clairefontaine) sont performants en club, sont titulaires en club, sont en forme, voilà, le sélectionneur est là pour faire des choix, tous les joueurs ici méritent leur place. » Mais le dernier match des Bleus, catastrophique en barrage retour contre l'Irlande, est la seule lueur d'espoir pour Vieira. Ce soir-là, il manquait un leader sur le terrain. Vieira peut-il redevenir ce leader-là, celui qu'il fut au Mondial 2006 ?