Armstrong revient fort, Contador s’impose

L'année même du retour ultramédiatisé de Lance Armstrong, Alberto Contador, avec une deuxième victoire pleine de maîtrise sur le Tour de France, s'est imposé comme le nouveau patron du cyclisme mondial.
Plus discret que l'Américain, dont les moindres sorties sur le réseau social Twitter ont été commentées à l'envi, l'Espagnol est sorti épuisé psychologiquement du Tour 2009 mais certain d'une chose : il est le meilleur coureur du monde, et de loin.
Armstrong, solide troisième du Tour après deux ans et demi de retraite, a été relégué à plus de cinq minutes et le Luxembourgeois Andy Schleck, deuxième à 4'11'', n'a pas encore les épaules assez solides pour prétendre battre Contador sur les grandes courses à étapes.
Derrière le natif de Pinto, qui a encaissé les coups dans l'ambiance délétère d'une équipe Astana finalement à la botte d'Armstrong, la concurrence a dû se contenter des miettes.
L'Australien Cadel Evans, humilié sur les routes du Tour, s'est consolé avec un surprenant titre de champion du monde à Mendrisio (Suisse) au nez et à la barbe des grands favoris qu'étaient Damiano Cunego, Fabian Cancellara et Alejandro Valverde.
L'Espagnol, dans le collimateur du Comité olympique italien et de l'UCI, a connu une triste année.
Vainqueur du Dauphiné Libéré, le leader de la Caisse d'épargne a été privé de Tour de France après avoir été interdit par le CONI, pour son implication présumée dans l'affaire Puerto, de rouler sur les routes italiennes, brièvement empruntées par la plus grande course du monde.

Passe d'armes
C'est donc en simple spectateur que Valverde a assisté à la passe d'armes entre Contador et Armstrong sur le Tour.
Le Pistolero et le Boss se sont rendu coup pour coup. Quand Contador frappait sur la route, Armstrong y allait de son petit coup médiatique, comme il l'avait déjà fait après Paris-Nice, lorsqu'il avait envoyé une pique à l'Espagnol qui venait de craquer dans une étape-clé de la Course au soleil - Beaucoup de talent mais encore beaucoup à apprendre, avait écrit le Texan de 37 ans.
Quelques jours après avoir été surpris par un coup de bordure, Contador reprend le contrôle de la situation dans la montée vers Arcalis ? Il n'a pas respecté la tactique d'équipe, juge Armstrong, soutenu par Johan Bruyneel.
Le manager d'Astana envoie Contador seul en conférence de presse à l'occasion des jours de repos, laissant l'Espagnol se dépatouiller des questions pressantes sur sa rivalité avec Armstrong, qui s'amuse de la scène de sa chambre d'hôtel.
Le septuple vainqueur du Tour, bien meilleur que sur le Giro, où il n'avait jamais titillé le vainqueur Denis Menchov, porté disparu en juillet, s'avoue vaincu après l'étape de Verbier, qui voit Contador faire exploser tous ses rivaux.
Mais à l'issue du contre-la-montre d'Annecy, gagné de manière stupéfiante par l'Espagnol, Armstrong reprend la main, toujours sur le plan médiatique.

Un accent anglo-saxon
Il annonce la création pour 2010 de sa formation RadioShack dans un peloton qui parle de plus en plus anglais, avec l'arrivée également du Team Sky, dont le leader sera Bradley Wiggins, qui quitte Garmin pour rejoindre la formation montée grâce aux énormes moyens financiers de Rupert Murdoch.
Si Wiggins, étonnant quatrième du Tour, est parvenu à ses fins, Contador a, lui, fini par se rendre à l'évidence. Il ne pouvait pas se défaire du contrat qui le lie pour encore un an à Astana, où il partagera l'affiche avec le Kazakh Alexandre Vinokourov, de retour après deux ans de suspension pour dopage.
Ils ont été nombreux en 2009 à tomber dans les filets de la lutte contre le dopage, qui s'est intensifiée avec l'application du ciblage sur la foi des données récoltées pour la création du passeport biologique.
D'autres, comme le Belge Tom Boonen, contrôlé positif à la cocaïne après avoir gagné son troisième Paris-Roubaix, ont été pris directement la main dans le sac.
Son compatriote Frank Vandenbrouke, retrouvé mort dans une chambre d'hôtel au Sénégal, a lui payé le prix fort d'une carrière menée entre succès précoces et abus.