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Moyen Orient et Monde - Le point

Et de dix !

Amusant et combien significatif le voisinage des deux titres sur le Web. En tête, il est fait état de la colère que provoque en Grande-Bretagne l'annonce du nouveau programme nucléaire iranien. Et quelques lignes plus bas, un slogan publicitaire : « Play free poker and win cash. » C'est bien vrai que cela fait des années que la République islamique s'adonne à ce petit jeu qui consiste à feindre de céder aux menaces tout en allant de l'avant dans des projets que, de son côté, le monde fait semblant de craindre.
Au fait, qui a peur de cette Bombe dont la fabrication en est encore à un stade pour le moins préliminaire ? Certainement pas les grandes (ou même les moins grandes) puissances, installées bien à l'abri derrière l'armement le plus puissant de l'histoire de l'humanité ; encore moins l'État hébreu, où la localité de Dimona, dans le Néguev, abrite un gigantesque complexe mis en place à partir de 1958 avec l'aide de la France, conformément à des accords conclus à Sèvres. Il y a belle lurette, n'est-ce pas, que nul ne croit plus à la fable de l'usine de dessalement de l'eau de mer destinée à un pays d'Amérique latine. Mais alors, le sinistre jeu du chat et de la souris auquel on assiste ces deux dernières années - devinette : qui est Tom, qui est Jerry ? - ne serait destiné, aux dires de certains, qu'à donner à l'opinion publique l'illusion qu'il existe un supergendarme, sorte de Big Brother, pour veiller sur son bien-être.
En tout cas, le plan existe bel et bien. Même si sa concrétisation traîne, même si les premières appréhensions menacent à tout instant de céder la place, sur le plan intérieur à tout le moins, à l'incrédulité, il y a toujours ce brave Mohammad el-Baradei pour redonner quelque crédibilité au danger, quand ce ne sont pas les États-Unis, ou mieux encore Israël, toujours lui, pour relancer le débat, et du coup l'intérêt sur la scène mondiale. Avec, à chaque fois, pour effet notoire, un réveil du sentiment national dans un pays où il demeure très fort. Écoutez Ali Asghar Soltanieh, qui représente son pays auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique, tonner : « Notre grande nation ne cédera jamais aux pressions et aux intimidations dès lors qu'il s'agit de ses droits inaliénables. » Ou encore un quotidien soulever la délicate question des investissements opérés ces dernières années en Chine et en Russie, sans que cela n'empêche ces deux pays, relève-t-il, de poursuivre leurs intérêts propres.
Bernard Kouchner soulève un point important lorsqu'il s'interroge, comme il vient de le faire dans Le Figaro : « Pourquoi aujourd'hui cette annonce d'un programme de dix nouveaux sites d'enrichissement de l'uranium alors que l'Iran n'a pas une seule centrale nucléaire pour brûler ce combustible ? » Puis, un peu trop vite, le ministre français des Affaires étrangères saute à une conclusion directement inspirée, semble-t-il, de l'expérience de la dernière présidentielle : « Il n'y a pas de cohérence au sein de la direction politique ; il y a des réactions épidermiques. » Reconnaissons toutefois que cet establishment, soupçonné aujourd'hui de se comporter d'une manière plutôt erratique, a bien mené son char jusqu'à présent, frôlant le précipice sans jamais y verser. De plus, si sa marge de manœuvre devient de plus en plus étroite, l'arsenal des mesures de dissuasion rétrécit lui aussi à vue d'œil, jusqu'au jour où il ne restera plus, peut-être, que le recours aux frappes aériennes. Le New York Times notait hier, citant des diplomates européens, que la production d'uranium enrichi à 20 % - une décision qui pourrait être prise par le gouvernement dès demain mercredi - répond à « une aspiration nationale bien plus qu'elle ne constituerait une menace imminente ». Et d'expliquer que l'aménagement du principal site créé à cet effet, celui de Natanz, remonte à neuf ans mais qu'il n'existe à ce jour que 5 000 des 50 000 centrifugeuses censées devoir être installées. Or ce dernier chiffre lui-même est grandement exagéré.
Dimanche, le Majlis appelait le gouvernement à réduire le niveau de sa coopération avec l'AIEA, accusée de pratiquer une politique de deux poids deux mesures, et jugeait que, dans la façon de traiter le dossier du nucléaire iranien, Barack Obama suit le même chemin que son prédécesseur George W. Bush. Ce qui n'est pas, dans un cas comme dans l'autre,tout à fait exact. Il est vrai cependant que l'effet est identique.
Amusant et combien significatif le voisinage des deux titres sur le Web. En tête, il est fait état de la colère que provoque en Grande-Bretagne l'annonce du nouveau programme nucléaire iranien. Et quelques lignes plus bas, un slogan publicitaire : « Play free poker and win cash. » C'est bien vrai que cela fait des années que...

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