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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le débat sur les immigrés tire à hue et à dia la coalition de Berlusconi

Le président du Conseil italien doit composer entre ses alliés populistes de la Ligue du Nord et l'aile plus modérée de son propre parti.

Le débat sur le droit de vote et le plafonnement des indemnités-chômage pour les immigrés tire à hue et à dia la coalition du président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, qui doit composer entre ses alliés populistes de la Ligue du Nord et l'aile plus modérée de son propre parti. Dernier épisode en date : après plusieurs jours de polémique y compris avec l'Église, la Ligue a accepté samedi de retirer son amendement qui proposait de réduire à six mois la durée pendant laquelle un travailleur immigré pouvait bénéficier de l'assurance-chômage.
« Le seul fait de proposer de limiter un droit comme l'assurance-chômage à des travailleurs qui y ont contribué, pour la seule raison qu'ils sont nés à l'étranger, est aberrant », a critiqué le quotidien catholique Avvenire. L'Église, dont Silvio Berlusconi cherche à se concilier les bonnes grâces, a également sévèrement condamné l'initiative d'un maire de la Ligue du Nord de recenser d'ici à Noël tous les étrangers de sa commune et de dénoncer aux autorités ceux qui sont clandestins. Trois mille habitants de cette petite ville lombarde, Coccaglio, ont d'ailleurs manifesté samedi pour protester contre cette opération, baptisée « Noël blanc » par ses promoteurs et qualifiée de geste « triste et douloureux » par le Vatican. Les élus de la Ligue sont coutumiers des initiatives visant les immigrés. Fin 2007, à Padoue, une ancienne vice-ministre avait fait scandale en promenant un porc sur le terrain d'une future mosquée. À Milan, un conseiller municipal a proposé l'instauration dans le métro de wagons réservés aux Milanais. « Les maires de la Ligue adoptent souvent des comportements démagogiques, car la Ligue exploite un sentiment d'insécurité très répandu dans le pays et elle en a fait son fonds de commerce », analyse Sergio Romano, éditorialiste du quotidien Il Corriere della Sera. Du coup, elle combat bec et ongles les propositions du président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, en faveur d'un assouplissement des conditions d'obtention de la nationalité italienne et du droit de vote aux élections locales pour les immigrés légalement installés depuis cinq ans. M. Fini, qui a fondé le parti du Peuple de la liberté avec M. Berlusconi, estime que « le grand défi de l'intégration doit être remporté à travers un programme d'extension de la citoyenneté sociale et politique ». Réplique sans appel du leader de la Ligue, Umberto Bossi : « Qui n'est pas italien ne peut pas voter. »
Face à ces querelles de famille, quelle attitude peut adopter le chef du gouvernement ? « Berlusconi a besoin de la Ligue, mais peut se permettre de donner moins d'attention à Fini car Fini ne le menace pas », estime Sergio Romano. « S'il doit faire des concessions, il les fait à la Ligue », ajoute-t-il. Une loi adoptée cet été durcit ainsi l'arsenal anti-immigration et transforme l'immigration clandestine en délit. Malgré les échanges de paroles parfois vifs entre les protagonistes, Sergio Romano souligne « qu'il y a toujours un décalage entre les paroles et la réalité ». « L'Italie est un peu le pays de Tartarin. Le conflit porte davantage sur la forme que sur la substance », relativise-t-il.

 

Gildas LE ROUX (AFP)

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