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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’Europe lutte pour conjurer son insignifiance dans le monde

En se dotant de nouvelles institutions, l'Europe espère enrayer sa marginalisation progressive sur la scène mondiale face à l'irruption du « G2 » américano-chinois, encore plus présent depuis l'arrivée de Barack Obama, et aux puissances émergentes.
« Pendant que les Européens conspirent autour des nouvelles nominations du traité de Lisbonne visant à représenter la face externe de l'UE, ils savent bien à quel point leur puissance est en train de se volatiliser à l'échelle planétaire », tranchent Jeremy Shapiro et Nick Witney, deux analystes du European Council for Foreign Relations dans une récente étude.
« Les élites européennes sont traumatisées par le spectre de l'insignifiance », ajoutent-ils.
La tournée en Asie qui s'achève de Barack Obama a confirmé avec cruauté aux yeux des Européens les changements de priorités d'une administration américaine qui semble avoir aujourd'hui les yeux davantage tournés de l'autre côté du Pacifique, vers la Chine, que de l'Atlantique. L'absence du président américain aux récentes commémorations des 20 ans de la chute du mur de Berlin, où il n'avait envoyé qu'un message vidéo, n'est pas passée inaperçue dans l'UE. Pas plus que son peu d'intérêt apparent pour le sommet UE-États-Unis au début du mois pourtant organisé à Washington. M. Obama n'y est resté qu'une heure et demie et s'est ensuite excusé pour le déjeuner, laissant ses invités européens avec son vice-président Joe Biden. « Les représentants de l'UE, à commencer par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, n'ont guère apprécié », raconte une source européenne.
La perte d'influence du continent européen ne date pas d'hier. Principale puissance mondiale avant 1945, l'Europe a ensuite perdu ce statut, mais est restée durant la guerre froide le principal enjeu des relations internationales entre les États-Unis et l'Union soviétique.
Depuis la chute du mur, devenue une zone pacifiée, réunifiée avec la chute du rideau de fer et économiquement prospère, elle intéresse moins et souffre de l'ascension des puissances émergentes. Condamnant les pays qui la composent à agir ensemble.
D'où l'intérêt porté au traité de Lisbonne, censé permettre à l'UE de faire mieux entendre sa voix en la dotant d'un président stable et d'un véritable chef de la diplomatie, flanqué d'un service diplomatique digne de ce nom. « Face à l'Inde, à la Chine, aux côtés des États-Unis, nous devons affirmer l'existence de l'Europe. Tout le monde nous attend. En Afrique sur le développement, à Copenhague sur le climat », a estimé la semaine dernière le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner dans une interview au quotidien Le Monde. « Nous voulons passer d'une Europe que nous avons construite dans la précaution, pour nous, à une Europe de l'action », a-t-il dit. « Le traité de Lisbonne nous donne l'occasion et la responsabilité de jouer un rôle important au niveau mondial », lui fait écho son homologue britannique David Miliband, un temps donné favori pour le poste de haut représentant de l'UE aux Affaires étrangères.
Beaucoup dépendra du choix des hommes.
Si le futur haut représentant peut devenir un « ministre » des Affaires étrangères, le poste de président du Conseil européen risque de décevoir. « Du fait de son rôle mal défini, et faute de pouvoirs exécutifs, il sera plus proche d'un secrétaire général de l'ONU pour l'UE que d'une figure présidentielle flamboyante parcourant la planète », estime Hugo Brady, analyste du Center for European Reform de Londres, dans une tribune pour The Guardian.
En se dotant de nouvelles institutions, l'Europe espère enrayer sa marginalisation progressive sur la scène mondiale face à l'irruption du « G2 » américano-chinois, encore plus présent depuis l'arrivée de Barack Obama, et aux puissances émergentes.« Pendant que les Européens conspirent autour des...

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