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Moyen Orient et Monde - Analyse

Une série de bourdes diplomatiques derrière le chaos électoral afghan

Les dix semaines de chaos politique qui ont suivi le premier tour de l'élection présidentielle du 20 août en Afghanistan ont été ponctuées d'une succession de bourdes diplomatiques, pour s'achever par l'annulation du 2e tour imposé par les Occidentaux au président Hamid Karzaï.
Premier impair, dès le soir du calamiteux premier tour du 20 août, les capitales occidentales saluaient le « succès » de l'élection. Quelques jours plus tard, les observateurs de l'Union européenne annonçaient qu'ils considéraient un quart des bulletins de vote « suspects » de fraude. Ils seront invalidés par la suite.
Des pressions internationales se sont ensuite exercées tout au long du processus électoral. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon était ainsi arrivé lundi à Kaboul juste avant l'annonce de l'annulation du second tour pour rencontrer M. Karzaï et son adversaire Abdullah Abdullah, qui s'était retiré dimanche de la course. Face au président, convaincu d'avoir remporté la majorité absolue au premier tour, l'ONU avait été en première ligne des pressions visant à lui faire accepter un second round. La manière de gérer les élections « est la plus grande erreur de la communauté internationale ces huit dernières années », estime Nasrullah Stanikzaï, de l'Université de Kaboul. L'ONU « a été guidée tout au long de l'élection par une politique de strict respect des règles du processus électoral. Le respect de ces principes nous a coûté cher », se défend Adrian Edwards, porte-parole de l'ONU à Kaboul. Les Nations unies s'étaient retrouvées sous les projecteurs en septembre, après une dispute entre le chef de l'ONU en Afghanistan Kai Eide et son adjoint Peter Galbraith, le second accusant le premier de chercher à dissimuler l'ampleur des fraudes. M. Galbraith a finalement été démis de ses fonctions. Pour Haroun Mir, président du Centre afghan de recherches et d'études politiques, l'ONU est coupable de « mauvaise gestion et d'incompétence ». « Eide voulait couvrir (les fraudes) pour montrer que le processus était un succès », juge-t-il.
En outre, sans que cela déclenche de réaction de la communauté internationale, M. Karzaï a laissé en place les autorités électorales soupçonnées d'être mêlées aux fraudes du premier tour, principale raison invoquée par M. Abdullah pour son retrait au second. Un diplomate européen assure que les pressions sur M. Karzaï pour lui faire accepter un second tour visaient en fait à lui faire reconnaître les fraudes du premier, quitte à aggraver l'impression de chaos.
M. Karzaï avait été propulsé au pouvoir fin 2001 par les puissances occidentales, lorsqu'une coalition menée par les États-Unis avait chassé les talibans. Mais les relations étroites entre Washington et Kaboul se sont nettement dégradées, jusqu'à en arriver le 20 octobre à une humiliation publique pour le président, forcé d'annoncer un second tour lors d'une conférence de presse, encadré par l'influent sénateur américain John Kerry et Kai Eide. Ce spectacle a renforcé l'impression que M. Karzaï prenait ses ordres auprès des Occidentaux, estime Fahim Dashty, rédacteur en chef de Kabul Weekly. « Pour une jeune démocratie comme la nôtre, il y a parfois besoin de pressions. (...) Mais lorsque la pression est aussi publique et évidente, cela donne l'impression très négative au peuple afghan que nous ne sommes pas indépendants », déclare-t-il à l'AFP. M. Mir pense que les États-Unis savaient exactement ce qu'ils faisaient : « Karzaï est très affaibli aujourd'hui et il ne peut plus se rebeller lorsqu'on exerce des pressions sur lui. Je crois que c'est ce que les États-Unis voulaient depuis le départ. »

Les dix semaines de chaos politique qui ont suivi le premier tour de l'élection présidentielle du 20 août en Afghanistan ont été ponctuées d'une succession de bourdes diplomatiques, pour s'achever par l'annulation du 2e tour imposé par les Occidentaux au président Hamid Karzaï.Premier impair, dès le soir du calamiteux...

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