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Pour Obama, le Nobel augmente le prestige, mais aussi la pression

L'attribution du prix Nobel de la Paix à Barack Obama grandit encore la stature internationale du président américain, tout en ajoutant aux innombrables pressions qui s'exercent sur lui.

M. Obama lui-même l'a bien reconnu quand, dans sa première réaction à une nouvelle qui semble l'avoir pris complètement au dépourvu, il a dit voir là un "appel à l'action" face à tous les défis du moment, du réchauffement climatique aux conflits en cours, en passant par la prolifération nucléaire.

M. Obama s'est d'abord employé à éviter que son propos ne paraisse trop solennel. Il a rapporté comment, après avoir été réveillé pour apprendre la nouvelle, ses deux filles Malia et Sasha l'ont aidé à "mettre les choses en perspective" en lui disant que c'était aussi l'anniversaire de leur chien.

M. Obama, qui, le même jour, présidait un nouveau conseil de guerre sur l'Afghanistan, a ensuite dit prendre la décision du comité Nobel "avec surprise et une profonde humilité".

"Pour être honnête, je n'ai pas l'impression que je mérite de me retrouver en compagnie de tant de personnalités qui ont transformé leur époque et qui ont été distinguées par ce prix", a-t-il dit.

Dans l'intention de parer les critiques selon lesquelles il n'en avait pas fait assez pour mériter le prix, M. Obama a souligné que le comité Nobel s'était souvent servi du prix, non pas seulement pour récompenser une action, mais pour faire avancer certaines causes.

"C'est pourquoi j'accepterai cette récompense comme un appel à l'action, un appel lancé à tous les pays pour qu'ils relèvent les défis communs du XXIe siècle", a-t-il dit.

Neuf mois après son avènement comme premier président noir des Etats-Unis, l'attribution du prix devrait ajouter au prestige d'un dirigeant dont une bonne moitié des Américains approuvent l'action, même si sa popularité décline.

M. Obama, qui s'est employé à rompre avec la présidence controversée de son prédécesseur George W. Bush, est aussi éminemment populaire à l'étranger.

Mais toutes les réactions venues de l'étranger ont montré combien le Nobel renforçait les attentes.

"Nous espérons qu'en recevant ce prix, il commencera à entreprendre des démarches concrètes en vue de mettre fin à l'injustice dans le monde", a déclaré un conseiller du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, bête noire de l'Amérique.

Depuis janvier, M. Obama a annoncé la fermeture du camp de Guantanamo, interdit la torture, accéléré le désengagement d'Irak, tendu la main aux musulmans et même aux ennemis iraniens. Il s'est engagé dans la résolution du conflit israélo-palestinien, a embrassé un nouvel effort contre le réchauffement climatique et promis l'avénement d'un monde sans armes nucléaires.

Mais l'Europe estime toujours que les Etats-Unis n'en font pas assez pour le climat. Sa diplomatie est critiquée. L'administration reconnaît qu'elle ne parviendra peut-être pas à fermer Guantanamo dans les délais.

Et, Nobel ou pas, M. Obama va aux Etats-Unis au-devant de sérieuses difficultés. Il passe un test capital avec son projet de réforme de la santé. Et il sait que, même si le pays sort de la récession, le chômage pourrait atteindre 10% avant la fin de l'année et persister jusqu'à mi-2010, année d'élections à mi-mandat.

Ses amis démocrates ont salué le Nobel. Mais ses adversaires républicains, pour lesquels M. Obama est plus préoccupé de célébrité mondiale que des problèmes des Américains, n'en ont pas démordu.

"Une chose est sûre: le président Obama ne recevra pas de récompense pour avoir créé des emplois, fait preuve de discipline budgétaire ou fait suivre ses paroles d'actes concrets", a lancé un éminent républicain, Michael Steele.

L'attribution du prix Nobel de la Paix à Barack Obama grandit encore la stature internationale du président américain, tout en ajoutant aux innombrables pressions qui s'exercent sur lui.
M. Obama lui-même l'a bien reconnu quand, dans sa première réaction à une nouvelle qui semble l'avoir pris complètement au dépourvu, il a dit voir...