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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les marines font du shopping pour gagner la confiance des Afghans

Les forces internationales sur le terrain estiment que ce sont désormais les efforts humanitaires qui sont la clé du succès de leur mission dans le pays.

Déambuler fusil d'assaut à la main, en tenue de combat, au milieu d'étals de légumes, semble étrange à première vue, mais les marines américains pensent que faire leur marché dans un village afghan peut leur permettre de gagner les cœurs des habitants. Dans le village de Golestan (province de Farah), perdu dans le désert de l'Ouest afghan, une nuée d'enfants se bousculent pour attraper au vol les friandises lancées par les Américains. Des vieillards enturbannés et de jeunes hommes en shalwar kamiz - chemise longue sur pantalon très bouffant - regardent l'étrange procession défiler dans le petit bazar.
Pour arriver ici, les jeunes soldats de la compagnie 2/3 Fox ont traversé la passe de Buji Bhast, véritable piège de 36 km constellé d'IED (Improvised Explosive Devices), ces bombes artisanales fabriquées par les talibans et responsables de la majorité des pertes civiles et militaires. Ces militaires appliquent la nouvelle stratégie des forces internationales, qui ambitionnent de gagner la confiance des Afghans tout en réduisant au minimum les pertes civiles. Le commandant des quelque 100 000 soldats des forces internationales déployés en Afghanistan, le général américain Stanley McChrystal, a élaboré cette doctrine et prévenu ses supérieurs que sans renforts, la guerre pourrait être perdue d'ici à un an.
Sur le terrain, ses hommes acquiescent. Le commandant Rafael Candelario, du 2e bataillon de marines, estime qu'après huit années d'efforts pour empêcher les talibans de reprendre le pouvoir, ce sont désormais les efforts humanitaires qui sont la clé du succès. « Si nous continuons de tuer des gens, nous devrons perpétuer notre présence. Nous devons aider la population. Comme je l'ai dit à ma femme, si nous ne faisons pas ça correctement, notre fils devra venir ici dans dix ans », déclare-t-il.
Le général McChrystal devrait réclamer plus de soldats cette semaine, mais l'administration Obama prendra le temps de réfléchir sur ce sujet devenu brûlant aux États-Unis, où l'opinion publique est majoritairement opposée à l'engagement afghan. Les progrès sont difficiles à mesurer dans le désert afghan, où la bienveillance à l'égard des marines peut basculer dans l'hostilité d'un village à l'autre. La population reproche souvent aux forces internationales d'être responsables, par leur simple présence, de l'augmentation des violences. « Ce genre de guerre prend du temps. Il en faut pour développer les relations avec les habitants, il faut du temps pour créer la confiance », souligne le capitaine Francisco Xavier Zavala, qui commande la base locale.
À Golestan, les marines ont reçu un accueil partagé. Certains villageois leur jetaient des regards suspicieux, d'autres plus accueillants. « Ils peuvent gagner la guerre et les cœurs des gens s'ils organisent des réunions, s'assoient avec les anciens et les mollahs, discutent avec eux », juge Abdul Hadi, un commerçant de 20 ans, pour qui il faut « ramener la sécurité, ou les gens ne seront pas contents ».
Le lieutenant-colonel Jeff Rule a l'espoir que la nouvelle tactique - qui laisse dubitatifs les observateurs - fonctionnera en Afghanistan, à l'instar de la stratégie de contre-insurrection menée en Irak dès 2007. « En Irak, les six premiers mois de 2007 avaient vu un nombre record de personnes tuées et les gens disaient que les insurgés allaient gagner. Puis la population a décidé qu'el-Qaëda était bien pire » que les forces américaines, explique-t-il.

 

Claire TRUSCOTT (AFP)

Déambuler fusil d'assaut à la main, en tenue de combat, au milieu d'étals de légumes, semble étrange à première vue, mais les marines américains pensent que faire leur marché dans un village afghan peut leur permettre de gagner les cœurs des habitants. Dans le village de Golestan (province de Farah), perdu dans le...

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