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Unesco : les opposants à Hosni se félicitent d'une "victoire de la raison"

Les organisations juives et les intellectuels qui s'étaient battus contre la candidature à la direction de l'Unesco de l'Egyptien Farouk Hosni, accusé d'antisémitisme, se sont félicités mercredi d'une "victoire de la raison" après le choix de la Bulgare Irina Bokova.

Farouk Hosni lui-même ne s'était pas exprimé mercredi matin sur l'issue du scrutin, mais la presse et des intellectuels égyptiens se sont élevés contre des "pressions" du "lobby juif" et, ont-il affirmé, de l'administration américaine.

Pour le Centre Simon Wiesenthal, organisation juive contre l'antisémitisme, le succès de la candidate bulgare est une "victoire de la raison, d'une atmosphère d'ouverture contre l'atmosphère de la peur", a déclaré à l'AFP son directeur, Shimon Samuels.

"L'Unesco vient d'échapper à un scandale, à un désastre moral", a déclaré sur la radio France Inter le Prix Nobel de la Paix Elie Wiesel. Il s'agit d'une "victoire de la morale sur la realpolitik", a estimé à son tour le philosophe Bernard-Henri Lévy sur la radio RTL.

Les deux intellectuels avaient accusé M. Hosni, ministre de la Culture depuis plus de 20 ans dans son pays, d'être coutumier des déclarations antisémites et anti-israéliennes, et de représenter un régime pratiquant la censure.

Dernièrement, M. Hosni, qui a nié tout antisémitisme et exprimé ses "regrets" pour des déclarations selon lui sorties de leur contexte, avait cependant obtenu le soutien du chasseur de nazis français Serge Klarsfeld.

M. Wiesel, reprenant les informations d'un site d'information arabe, l'a en outre accusé mercredi d'avoir organisé en 1985 la fuite du commando palestinien qui avait pris en otages 450 personnes à bord du paquebot italien Achille Lauro, alors qu'il était diplomate à Rome.

Les accusations contre Farouk Hosni ont semé le trouble dans les capitales occidentales, dont plusieurs étaient initialement enclines à soutenir sa candidature au nom du rapprochement avec le monde arabo-musulman.

Selon le journal Le Monde mercredi, la France aurait demandé sans succès à Hosni Moubarak de changer de candidat. Paris aurait d'abord soutenu Farouk Hosni avant de changer de camp au dernier tour, selon le quotidien.

Dans un entretien il y a une semaine à la chaîne France 24, le ministre égyptien avait évoqué des "campagnes" menées selon lui contre sa candidature par des organisations juives.

La thèse était relayée par la presse mercredi matin au Caire. Le quotidien Al-Ahram al-Messai (gouvernemental) dénonçait par exemple "des attaques indignes de la part d'intellectuels juifs en France" et les efforts de sape "de l'ambassadeur américain à l'Unesco ainsi que des médias sionistes en Europe et aux Etats-Unis".

Une version des choses rejetée par le Centre Simon Wiesenthal. "L'élection de Mme Bokova n'est pas une affaire juive, c'est une affaire de l'Unesco", a déclaré à l'AFP Shimon Samuels.

La perspective de voir le ministre égyptien de la Culture à la tête de l'Unesco avait suscité de fortes réticences au sein même de l'appareil de l'organisation onusienne, dont des responsables ne dissimulaient par leur satisfaction mardi soir après la désignation de la candidate bulgare.

Des exemplaires en français et en anglais de l'article du site arabe elaph.com sur les relations présumées entre M. Hosni et les services secrets de son pays circulaient mardi ouvertement dans les couloirs de l'Unesco à Paris, a constaté l'AFP.

Un fonctionnaire de l'organisation avait fait part à l'AFP d'une "vive appréhension" notamment concernant les activités de soutien à la démocratie et à la liberté d'expression.

Le changement de directeur général doit encore être entériné le 15 octobre par la Conférence générale, assemblée plénière des 193 pays membres de l'organisation.

Les organisations juives et les intellectuels qui s'étaient battus contre la candidature à la direction de l'Unesco de l'Egyptien Farouk Hosni, accusé d'antisémitisme, se sont félicités mercredi d'une "victoire de la raison" après le choix de la Bulgare Irina Bokova.
Farouk Hosni lui-même ne s'était pas exprimé mercredi matin...