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Liban

Affaire Ezzeddine : de hauts responsables du Hezbollah et des hommes d’affaires du Golfe ont subi de lourdes pertes

Les graves retombées aussi bien financières que politiques de la faillite de l'homme d'affaires proche du Hezbollah, Salah Ezzeddine, focalisent de plus en plus l'attention des milieux locaux et risquent même d'occulter dans une certaine mesure la crise gouvernementale dans laquelle se débat le pays depuis plusieurs semaines. Salah Ezzeddine, rappelle-t-on, s'était livré à la fin de la semaine dernière au parquet financier après s'être déclaré en faillite.
Dénommé déjà le « Bernard Madoff libanais », il était très proche du directoire du Hezbollah et dirigeait plusieurs sociétés relevant, directement ou indirectement, du parti chiite, dont notamment l'importante maison d'édition al-Houda ainsi que des sociétés se livrant à l'action sociale. Il brassait de grosses affaires au niveau du commerce du fer, des carburants et de certains produits chimiques. De nombreux responsables et cadres supérieurs du Hezbollah, ainsi que des épargnants de Tyr, de Bint Jbeil et de la banlieue sud lui confiaient leur argent pour effectuer des placements particulièrement rentables. Selon certaines informations, l'un des membres du gouvernement sortant de Fouad Siniora, proche du Hezbollah, ainsi que plusieurs députés du parti chiite avaient notamment placé leur argent auprès de Salah Ezzeddine qui profitait ainsi de la réputation d'homme pieux et de haute moralité dont il jouissait dans les milieux qu'il avait réussi à pénétrer. Certaines sources affirment dans ce cadre qu'un important homme d'affaires du Qatar avait également confié des fonds à l'homme d'affaires chiite et avait même convaincu certains de ses compatriotes fortunés à effectuer les mêmes placements que lui. Ce groupe d'hommes d'affaires du Qatar aurait ainsi confié à Ezzeddine non moins de 180 millions de dollars. Des hommes d'affaires koweïtiens auraient également effectué des placements auprès de lui.
Face à la crise financière internationale et la baisse des prix des carburants, Ezzeddine a enregistré rapidement de lourdes pertes qu'il tentait de compenser en attirant de nouveaux placements auprès de responsables du Hezbollah et d'hommes d'affaires du Golfe à qui il proposait des taux d'intérêt variant entre 30 et 40 pour cent. Comme c'est souvent le cas dans de pareilles transactions, Ezzeddine n'a plus pu honorer ses engagements et a été ainsi contraint de se déclarer en faillite. Il est interrogé depuis le début de la semaine par la brigade financière, et pour l'heure, les spéculations font bon train sur le montant exact de sa faillite. Certaines sources affirment que Ezzeddine aurait ainsi « jonglé » avec des fonds s'élevant à 750 millions de dollars, alors que d'autres informations avancent le chiffre de 1,5 à 2 milliards de dollars.
Dans l'attente des premiers éléments de l'enquête, la question qui se pose est de savoir si les sociétés relevant de Salah Ezzeddine étaient déclarées à l'État et à la Banque centrale, et si elles se conformaient, par voie de conséquence, à la législation libanaise. Il ressort des premières indiscrétions filtrées à la presse que l'homme d'affaires chiite effectuait ses placements et ses transactions dans le cadre d'un circuit économique et financier échappant totalement au contrôle de la Banque du Liban et de la législation libanaise, ce qui lui permettait précisément d'offrir des taux d'intérêt démesurés. Ce point a d'ailleurs été soulevé hier par le Renouveau démocratique, au cours d'une réunion présidée par le ministre d'État Nassib Lahoud. Le RD s'est notamment interrogé sur la nature « du cadre institutionnel auquel avait recours l'homme d'affaires (Ezzeddine) pour recevoir les montants que lui confiaient les citoyens, la question étant aussi de savoir dans quelle mesure ces opérations étaient conformes à la législation libanaise ». 
Les graves retombées aussi bien financières que politiques de la faillite de l'homme d'affaires proche du Hezbollah, Salah Ezzeddine, focalisent de plus en plus l'attention des milieux locaux et risquent même d'occulter dans une certaine mesure la crise gouvernementale dans laquelle se débat le pays depuis plusieurs semaines. Salah Ezzeddine, rappelle-t-on,...

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