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Moyen Orient et Monde - Israël

Clandestins en mal de Terre promise

Selon le ministère de l'Intérieur, 300 000 personnes résident illégalement en Israël sur une population globale de 7,4 millions d'habitants.
« On nous avait parlé de la Terre promise, mais j'ai vite déchanté. » Oladini Samuël, un Nigérian en quête d'asile en Israël, est désabusé. À Tel-Aviv, des inspecteurs de l'immigration vérifient ses papiers. Oladini n'est pas un cas isolé. Avec lui, des milliers de clandestins ont échoué en Israël dans l'espoir d'améliorer leur condition en trouvant un emploi et un toit. Mais sans succès.
Pour endiguer ce flux, le ministère de l'Intérieur israélien a créé en février 2009, une unité chargée de les arrêter et de les expulser vers leur pays d'origine, notamment en Afrique, en Asie et en Europe de l'Est. Cette unité dite « Oz » (« audace » en hébreu), composée en majorité d'anciens policiers, organise des opérations dans les quartiers où vivent ces immigrés, notamment dans le sud de Tel-Aviv.
Oladini, 37 ans, est père de deux enfants qui sont restés au Nigeria. Il a fait une demande d'asile politique en Israël. Les inspecteurs ne le mettent pas aux arrêts, mais lui remettent un tract en anglais lui proposant de l'aide pour quitter le pays volontairement. En avril dernier, il est entré en Israël avec un visa de touriste et cherche depuis un travail pour faire venir sa famille. Mais son statut reste incertain. De mauvaise grâce, il montre aux inspecteurs sa demande d'asile qui n'a toujours pas été exaucée. « Je veux rester ici. Si on me renvoie dans mon pays, je risque ma vie », affirme-t-il. « Nous devons faire respecter la loi, mais nous ne sommes pas des policiers. Ce que nous voulons, c'est les aider », assure Amos Raviner, un des inspecteurs de l'unité. « On vérifie leur statut. Certains sont conduits en prison. Pour les autres, nous insistons pour qu'ils partent d'eux-mêmes », explique Idan Cohen, commandant de l'unité dans la région de Tel-Aviv.
Le ministère de l'Intérieur se félicite déjà du départ volontaire de 700 illégaux et de l'expulsion de 100 autres au cours des trois dernières semaines. Quatre mille étrangers ont d'ores et déjà été contrôlés et 10 % ont été écroués.
Des mesures qui inquiètent Oscar Olivier, un ressortissant congolais, en Israël depuis 15 ans. Sa femme, d'origine sud-africaine, et sa fille de six ans ont reçu mi-juin une lettre du ministère de l'Intérieur les enjoignant de quitter le pays dans les 60 jours, sous peine d'expulsion. « Ma fille née en Israël ne parle que l'hébreu, j'ai un permis de travail, pourquoi veut-on l'expulser ? » s'insurge M. Olivier. Mais pour les inspecteurs de l'immigration, le terme d'expulsion n'est pas approprié. « Nous les éloignons d'ici pour les renvoyer chez eux », explique Amos Raviner.
Selon le ministère de l'Intérieur, 300 000 personnes résident illégalement en Israël sur une population globale de 7,4 millions d'habitants. Des associations de défense des droits de l'homme en Israël considèrent cependant que ces chiffres ont été gonflés. « Il n'y a pas plus de 60 000 clandestins en Israël », estime Myriam Darmoni-Charbit, présidente d'une ONG qui vient en aide aux travailleurs immigrés. Selon elle, « les lois qui autorisent à expulser les enfants d'immigrés y compris ceux qui sont nés en Israël sont contraires aux droits de l'homme ».
Le nombre de migrants venant d'Afrique a fortement augmenté ces dernières années en dépit des risques considérables que prennent les clandestins pour parvenir en Israël via l'Égypte. Les demandeurs d'asile du Soudan, d'Érythrée et de pays en guerre sont autorisés à rester en Israël, mais uniquement dans certaines villes, ne comprenant ni Tel-Aviv ni Jérusalem, desquelles ils sont renvoyés vers la périphérie.

Michaël BLUM (AFP)
« On nous avait parlé de la Terre promise, mais j'ai vite déchanté. » Oladini Samuël, un Nigérian en quête d'asile en Israël, est désabusé. À Tel-Aviv, des inspecteurs de l'immigration vérifient ses papiers. Oladini n'est pas un cas isolé. Avec lui, des milliers de clandestins ont...

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