Cette visite « est un geste politique important », mais « nous ne le voyons ni comme un pas en avant ni comme un pas en arrière sur ce qui nous sépare », a déclaré le ministre principal de Gibraltar, Peter Caruana, au journal El Pais d'hier.
Les 30 000 habitants du rocher de moins de 7 km2, où les traditionnelles cabines de téléphone rouges sont encore en service, ont été appelés par le « Groupe pour l'autodétermination de Gibraltar » à faire flotter à leurs fenêtres les drapeaux britannique et de Gibraltar pour accueillir M. Moratinos. Au cours d'un référendum, en 2002, les habitants de Gibraltar avaient rejeté à une très large majorité une proposition britannico-espagnole de souveraineté partagée.
M. Moratinos devait participer dans l'après-midi à la réunion du troisième forum tripartite (Espagne, Grande-Bretagne, Gibraltar), avec son homologue britannique David Miliband et M. Caruana. Les trois responsables devaient signer des accords dans six domaines dont la « coopération maritime », mais ils n'aborderont pas en principe l'épineuse question des eaux territoriales entourant la colonie britannique, qui les oppose depuis plusieurs mois.
Les questions de souveraineté ne sont pas abordées au cours des réunions du forum tripartite, dont le but est de signer des « accords de coopération », a indiqué à l'AFP une source diplomatique espagnole. L'Espagne, contrairement à Londres, ne reconnaît pas d'eaux territoriales britanniques autour du rocher, en dehors des limites du port de Gibraltar. « C'est un équilibre délicat, un peu inconfortable pour tous, où le Royaume-Uni exerce une souveraineté de fait sur ces eaux que l'Espagne ne reconnaît pas », selon M. Caruana.
Début mai, le gouvernement espagnol avait protesté auprès de Londres au sujet d'un accord fiscal passé entre les États-Unis et Gibraltar qui pouvait faire croire que le territoire était devenu indépendant.
La visite du ministre socialiste est largement critiquée en Espagne par l'opposition conservatrice du Parti populaire (PP, droite). « Il ne devrait pas se rendre à Gibraltar, car cela signifie baisser les bras face à une revendication historique », a déclaré hier le secrétaire à la Communication du PP, Esteban Gonzalez Pons, à la station de radio Punto Radio.
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