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Lifestyle - Environnement

Le glacier d’Ilulissat au Groenland victime du réchauffement climatique

Si le dégel s'étendait au reste de l'île, le niveau des mers augmenterait entre 1 et 1,5 m à la fin du siècle, avertissent les scientifiques.
Inexorablement, la fonte du glacier d'Ilulissat, dans l'ouest du Groenland, s'accélère sous l'effet du réchauffement climatique, deux fois plus rapide dans l'Arctique que sur le reste de la planète. Observant son front grandiose et déchiqueté qui s'étend sur plus de 7 kilomètres, le glaciologue danois Andreas Peter Ahlstroem constate que le sort de ce glacier, le Sermeq Kullajeq, merveille du monde classée au patrimoine mondial de l'humanité, est « grave, dramatique ». « Son front n'a jamais autant reculé, plus de 15 km depuis 2001, et son vêlage (dislocation en icebergs) jamais aussi rapide », dit-il en montrant le fjord plein de ces masses de glace géantes qui dérivent sur quelque 50 km pour déboucher dans la baie de Disko.
Son collègue, Shfaqat Abbas Khan, expert des glaciers du Groenland à l'Institut spatial du Danemark, fait un constat encore plus « alarmant ». « Ce glacier, le plus rapide de l'hémisphère Nord et l'un des plus actifs au monde, n'a jamais déversé autant de glaces, plus de 30 km3 par an actuellement contre 10 vers 2000 et 5 seulement en 1992 », précise-t-il en se basant sur des observations par satellite, GPS et sur le terrain. Visité par des personnalités du monde entier, emmenées par hélicoptère à son chevet, Sermeq Kullajeq, est « l'exemple le plus visible et le plus frappant du changement climatique », selon ce scientifique.
La situation du glacier d'Ilulissat n'est pourtant pas unique. « Beaucoup de glaciers du Groenland fondent à un rythme plus ou moins rapide, et même un accord ambitieux au sommet (du climat) à Copenhague en décembre (sur une réduction significative des gaz à effet de serre dans le monde) ne pourrait pas stopper cette évolution », dit-il. « On peut espérer à tout le moins qu'en réduisant les émissions de CO2, on puisse limiter les dégâts », pense-t-il.
Et les conséquences de cette accélération du dégel des glaciers entraîneraient une augmentation du niveau des océans « beaucoup plus élevée que les estimations du panel du climat de l'ONU qui prévoyait une hausse comprise entre 18 et 59 cm d'ici à 2100 ». « En fait, si le dégel constaté dans les glaciers du sud-est, de l'ouest et du nord du Groenland s'étendait au reste de l'île, le niveau des mers augmenterait entre 1 et 1,5 m à la fin du siècle », estime-t-il, rappelant que « le panel onusien n'a pas tenu compte dans ses estimations des glaciers du Groenland ». La calotte glaciaire du Groenland (de 1,7 million de km2) « n'est pas en équilibre », comme « le croit ce panel », car elle « perd beaucoup plus de glaces l'été qu'elle ne reçoit de neige l'hiver », relève-t-il.
Du ciel, le glacier d'Ilulissat offre une vue majestueuse de pics, de herses, de lacs bleutés et de rivières serpentant dans un paysage fascinant. « Mais ne vous y trompez pas, ce glacier est "malade" à cause du réchauffement climatique brisant peu à peu son extrémité qui déverse avec fracas quelque 85 millions de tonnes de glace par jour, cavalant dans le fjord à une vitesse de 30 à 40 mètres par jour », selon le glaciologue.
Les scientifiques américains ont eux aussi constaté son état maladif, indiquant en 2008 que sa bordure n'avait jamais été aussi loin à l'intérieur des terres en 150 ans d'observation. « En fait, son front ne peut plus reculer aujourd'hui, car il ne repose plus sur l'eau, mais sur la terre ferme de l'indlandsis, à 500 mètres au-dessous du niveau de la mer », selon M. Ahlstroem, de l'Institut de recherches géologiques du Danemark et du Groenland (GEUS), et coresponsable d'un projet de l'UE, « ice2sea ». « La question est de savoir, dit-il, ce qui va se passer si les eaux plus chaudes du fjord s'infiltrent dans ce glacier pour en accélérer le dégel. »

Inexorablement, la fonte du glacier d'Ilulissat, dans l'ouest du Groenland, s'accélère sous l'effet du réchauffement climatique, deux fois plus rapide dans l'Arctique que sur le reste de la planète. Observant son front grandiose et déchiqueté qui s'étend sur plus de 7 kilomètres, le glaciologue danois Andreas Peter Ahlstroem...

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