Parallèlement, le ministère de l'Intérieur a appelé M. Moussavi à « respecter la loi et le vote du peuple et à se comporter en conformité avec la loi », selon l'agence IRNA.
Autant de déclarations qui n'ont toutefois pas empêché le camp de Moussavi de camper sur ses positions, de publier un rapport sur les fraudes et irrégularités présumées commises lors du scrutin présidentiel et de réclamer la création d'une « commission vérité » pour réexaminer le processus électoral. Le rapport dénonce notamment « l'utilisation à une large échelle des moyens du gouvernement en faveur de son candidat », le président sortant Mahmoud Ahmadinejad. « Des bulletins de vote ont été imprimés le soir de l'élection sans avoir de numéro de série, ce qui est sans précédent dans l'histoire du pays », souligne le rapport, qui relève également la fabrication de « 2,5 fois de plus de tampons (servant à valider les votes) qu'il n'y avait de bureaux de vote (...) ce qui peut favoriser des fraudes ». Enfin, le comité émet des « doutes sérieux » sur le fait que les urnes aient bien été vides avant d'être envoyées dans les bureaux de vote.
Depuis dix jours, l'annulation de la présidentielle est exigée par M. Moussavi et ses partisans à travers des manifestations durement réprimées par la police et les miliciens islamiques (bassidji) et qui ont fait au moins 17 morts et une centaine de blessés. Plus de 450 personnes ont également été arrêtées. Pour elles, l'avenir s'annonce pour le moins sombre puisque Ebrahim Raisi, haut responsable de l'appareil judiciaire, a déclaré, selon l'agence de presse IRNA, que « ceux qui ont été arrêtés au cours des récents événements seront traités d'une façon qui leur servira de leçon ». Il a également indiqué qu'un tribunal spécial avait été mis sur pied. Hier, aucun rassemblement de protestation n'a été signalé.
Un journaliste étranger arrêté
Alors que les autorités imposent d'importantes restrictions à la presse étrangère pour la couverture des troubles, l'agence Fars a annoncé l'arrestation la semaine dernière d'un journaliste grec travaillant pour le quotidien américain Washington Times, Iason Athanasiadis-Fowden. Iason Athanasiadis-Fowden, qui selon l'ambassade de Grèce à Téhéran possède la double nationalité grecque et britannique, est le dernier journaliste en date à être arrêté. Un journaliste canadien travaillant pour l'hebdomadaire américain Newsweek, Maziar Bahari, a été arrêté dimanche et le correspondant permanent de la BBC en Iran, Jon Leyne, avait reçu également dimanche l'ordre de quitter le pays.
Expulsion de diplomates britanniques et iraniens
Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères a accusé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon « d'ingérence » dans ses affaires intérieures. La veille, M. Ban avait exhorté Téhéran à mettre fin immédiatement aux arrestations et à l'usage de la force, se disant « consterné par les violences postélectorales ».
Depuis le début des troubles, Téhéran accuse l'Occident, en premier lieu la Grande-Bretagne, d'être derrière le mouvement de contestation. Ces derniers jours, le ton est monté d'un cran entre le pouvoir iranien et plusieurs pays occidentaux. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a ainsi annoncé l'expulsion de deux diplomates iraniens, en réponse à une décision similaire de Téhéran. « Je dois informer la Chambre (des communes) que l'Iran a pris hier la décision injustifiée d'expulser deux diplomates britanniques en s'appuyant sur des accusations qui sont totalement infondées », a déclaré le Premier ministre Gordon Brown devant les députés britanniques. « Je suis déçu que l'Iran nous place dans cette position, mais nous continuerons à rechercher de bonnes relations avec l'Iran et à appeler le régime à respecter les droits de l'homme et les libertés démocratiques du peuple iranien », a-t-il ajouté. Des associations d'étudiants iraniens ont, par ailleurs, annulé une manifestation prévue hier devant l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran après son interdiction par les autorités, a indiqué l'agence de presse Fars.
Plusieurs pays de l'Union européenne, dont la France, la Suède et la Finlande, ont par ailleurs convoqué hier l'ambassadeur d'Iran en poste chez eux pour lui faire part, chacun à sa façon, de leur inquiétude face à la situation en Iran. Ces pays suivent la présidence tchèque de l'UE, qui avait convoqué l'ambassadeur d'Iran à Prague dès lundi soir et appelé ses partenaires européens à faire de même. Après l'Italie et le Royaume-Uni, les Pays-Bas ont en outre à leur tour déconseillé hier les « voyages non essentiels » en Iran, dans une note sur son site Internet.
Les Européens ont adopté depuis le début des manifestations iraniennes un ton plus critique que Washington à l'égard de Téhéran, tout en faisant preuve eux aussi de retenue pour éviter que cela ne se retourne contre les manifestants. Hier, la télévision d'État iranienne a d'ailleurs diffusé des témoignages de personnes présentées comme des manifestants, affirmant avoir été entraînés par des médias comme la BBC et la Voix de l'Amérique (Voice of America, VOA) dans les violences qui ont secoué Téhéran.
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