À Nowshera, dans le nord-ouest, un kamikaze a précipité son véhicule piégé contre une mosquée au moment où les fidèles sortaient de la grande prière, a déclaré à l'AFP un officier de la police, Abdullah Khan. Quatre fidèles ont été tués et 105 blessés, selon la police et un médecin hospitalier.
Quasiment au même moment à Lahore, la grande ville de l'est, un kamikaze à pied est entré dans une pièce où se trouvait Sarfraz Naeemi, un uléma qui avait sévèrement condamné les attentats-suicide perpétrés presque quotidiennement par les talibans, a expliqué le chef de la police Pervez Rathore. Le dignitaire, qui avait récemment émis une fatwa (décret religieux) contre les talibans kamikazes, a été tué dans l'explosion de la bombe que portait l'assaillant, a annoncé le Premier ministre Yousuf Raza Gilani. Un de ses adjoints a également péri, selon des sources policières. La pièce, où le maulana Sarfraz discutait avec des fidèles après la prière, était contiguë à la mosquée de l'école coranique qu'il dirigeait.
Ces attaques apparaissent comme la réponse des rebelles à la vaste offensive militaire entamée fin avril par Islamabad pour mettre fin à l'avancée des talibans dans trois districts du nord-ouest, notamment la vallée de Swat. Une campagne lancée sous la pression des États-Unis, principaux bailleurs de fonds du Pakistan, inquiets de voir les talibans liés à el-Qaëda au sein de la seule puissance nucléaire du monde musulman.
En fin d'après-midi, les forces de sécurité ont annoncé l'arrestation d'un adolescent pakistanais kamikaze équipé d'une veste piégée à Torkham, ville frontalière de l'Afghanistan située dans la zone tribale de Khyber. Selon le chef de l'administration du district de Khyber, Tariq Hayat, le jeune kamikaze a avoué qu'il projetait de commettre un attentat à Peshawar, principal théâtre des multiples attentats de ces dernières semaines.
En moins d'un mois, 10 attaques terroristes sanglantes y ont été perpétrées, dont la plus spectaculaire, un camion piégé précipité mardi soir contre l'hôtel Pearl Continental, pourtant sous très haute protection, a fait neuf morts. Au total, la vague sans précédent d'attentats qui ensanglantent le Pakistan depuis deux ans a tué près de 2 000 personnes.
L'armée pakistanaise a poursuivi hier ses opérations antitalibans dans le nord-ouest, notamment l'offensive lancée fin avril pour déloger les talibans de plusieurs districts du nord-ouest, dont celui de Swat, situés entre les zones tribales frontalières de l'Afghanistan et la capitale Islamabad. Des responsables de sécurité ont annoncé hier la mort de 52 combattants islamistes et 12 soldats dans différentes opérations dans le nord-ouest.