D'abord, ce Roland-Garros fut bien la scène de tous les records, mais pas exclusivement des records de Rafael Nadal. Roger Federer est entré dans l'histoire en égalant le nombre de succès en grand chelem de Pete Sampras (14). En s'adjugeant le titre sur terre battue, l'ancien numéro 1 mondial fait même mieux que l'Américain qui a toujours souffert Porte d'Auteuil. Ce succès parisien consacre donc la carrière de Federer, mais il vient surtout récompenser le travail acharné du joueur.
Une préparation axée sur Roland-Garros
Se séparant de son nouvel entraîneur, Daren Cahill, après seulement deux semaines de collaboration, en début d'année, le Suisse a choisi de ne s'entourer que de personnes de confiance. Ainsi, il s'entraîne avec Séverin Lüthi, le capitaine de l'équipe suisse en Coupe Davis, qui lui sert essentiellement de conseiller. En effet, à 28 ans, Roger Federer a atteint une sorte de plénitude technique et sait exactement ce qui lui convient le mieux. Ainsi, il a géré sa préparation exactement comme il le souhaitait. Une préparation justement très axée sur le rendez-vous parisien. Interrogé par le quotidien suisse Le Matin, Jean-Paul Loth, ancien commentateur du service public, expliquait d'ailleurs que Federer s'était fait construire un court de terre battue, en Sardaigne. Le numéro 2 mondial allant même jusqu'à « faire venir en Italie des gens de Roland-Garros pour avoir le même court », selon Jean-Paul Loth. Le Suisse s'est donc mis dans les meilleures dispositions possibles pour préparer le grand chelem parisien. Un travail minutieux qui s'est avéré payant.
Une quinzaine parfaite pour lui
Après sa victoire sur la terre madrilène face à son habituel bourreau, Rafael Nadal, Roger Federer arrivait avec confiance à Paris. S'il ne partait toujours pas favori, le Suisse avait tout de même prouvé sa capacité à battre l'ogre espagnol. Il n'en eut finalement pas besoin, tant le sort sembla pencher pour lui. Les éliminations prématurées de Novak Djokovic, Andy Murray et bien évidemment de Rafael Nadal permirent à Federer d'avancer dans le tournoi face à des joueurs bien moins bien classés que lui. Au final, son adversaire le plus prestigieux et le plus coriace fut le jeune et prometteur Juan-Martin Del Potro, tête de série numéro 5. La voix royale était donc tracée pour le premier sacre sur l'ocre de Roger Federer. « J'ai eu un peu le même parcours qu'Agassi lorsqu'il a gagné ici. Ce n'est pas que nous ayons été chanceux, mais nous avons su utiliser la chance lorsqu'elle s'est présentée », a d'ailleurs reconnu le Suisse.
La saison relancée
Avec cette première victoire à Roland-Garros, Roger Federer relance aussi la course pour la place de numéro 1 mondial. En deux semaines, il a ainsi vu son retard de 4 500 points sur Nadal se réduire à 2 070 points. L'Espagnol, ayant déclaré forfait pour le tournoi du Queen's et dont la participation à Wimbledon reste encore incertaine, pourrait bien voir son statut de leader menacé d'ici peu.
Le Suisse, qui deviendra père pour la première fois cet été, entrevoit donc un possible retour sur le toit du tennis mondial. Un destin qui n'est pas sans rappeler celui d'Andre Agassi. L'Américain qui remit, hier, le trophée à Federer avait, lui aussi, retrouvé le premier rang planétaire après la naissance de son premier enfant, en 1999. Cette année-là, il remportait Roland-Garros, pour la seule fois de sa carrière. De quoi donner encore plus d'ambition à Roger Federer.