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Législatives : juin 2009 - Tout le monde en parle

Et si on essayait autre chose ?...

Le « politiquement correct » au Liban se limite aux positions des deux camps opposés, du 14 et du 8 Mars. Deux projets de société s'affrontent : l'État ou la résistance islamique.
Et si on essayait de dire autre chose ?
Le pays connaît de graves difficultés politiques et économiques. Les problèmes politiques s'articulent principalement autour du Hezbollah et de sa machine militaire. La réponse à cet épineux dossier doit obligatoirement avoir au moins deux volets : financier et politique.
Le volet financier d'abord. Tout le monde s'accorde sur la nécessité d'une stratégie de défense pour faire face aux menaces israéliennes. Comment, toutefois, financer telle ou telle stratégie avec des finances publiques exsangues ? Toute défense indépendante nécessite de l'argent. Et toute défense indépendante et moderne nécessite beaucoup d'argent. Et l'argent ne s'invente pas. On le prend là où il est.
Le budget de l'État est annuellement grevé à plus de 50 % de ses recettes pour le service de la dette publique, soit annuellement plus de 4 milliards de dollars payés aux détenteurs des titres de la dette  émise par l'État, à savoir essentiellement le secteur bancaire. Pour financer ce service de la dette, l'État a régulièrement recours à de nouveaux emprunts générateurs d'un nouveau service de la dette, financé à son tour par de nouveaux emprunts, et ainsi de suite.
Qu'est-ce qui empêcherait l'État de décider unilatéralement d'un moratoire de quelques années sur le paiement des intérêts de sa dette ? Une telle décision, appuyée par une écrasante majorité de la classe politique, permettra de dégager les fonds nécessaires pour une défense indépendante et moderne.
Les conséquences financières d'un tel acte resteront très minimes, vu les profits colossaux amassés par les banques grâce aux intérêts des bons du Trésor. Trois ans sans intérêts ne remettront nullement en cause la solidité, ni la stabilité du système financier.
Le volet politique ensuite.
La situation géographique  exceptionnelle du Liban le contraint à s'inventer un système politique exceptionnel. Le Liban-Sud est en effet en voisinage direct avec une des anomalies politiques les plus criantes des temps modernes : une entité occidentale implantée de force en plein cœur du Proche-Orient arabo-musulman. Les habitants du Liban-Sud, et depuis l'implantation de l'entité sioniste, ont souffert le martyre en raison  des visées hégémoniques du puissant voisin.
Aucune protection n'a pu freiner les ardeurs israéliennes, si ce n'est les missiles du Hezbollah. Le problème, c'est que ces missiles sont contrôlés par une volonté qui est autre que la volonté libanaise. Sayyed Hassan Nasrallah a lui-même affirmé son appartenance au parti iranien du wilayet el-faqih. D'un autre côté, l'idéologie de ce parti, qui a prouvé son efficacité dans les combats, s'apparente davantage à du prosélytisme religieux qu'à une véritable idéologie nationale. Que faire dans ce cas ? Une des réflexions à mener doit porter sur la « désiranisation » politique de la grande partie de la communauté chiite libanaise. Les chiites ont toujours été des résistants à l'oppression. Et plus particulièrement ceux de Jabal Amel qui se sont toujours opposés aux différentes tentatives de soumission, depuis au moins treize siècles.
Face aux visées israéliennes, les chiites peuvent constituer la « Ligne Maginot » du Liban à condition de « libaniser » la résistance, même si elle doit rester islamique.
Qu'en est-il des problèmes économiques du pays ?
L'agitation créée par l'opposition étouffe tout débat sur ce qui fait la politique dans le monde entier : l'économie. Celle du Liban va de mal en pis. Et cela, malgré les chiffres de la croissance que nous affichons fièrement face à un monde secoué par une crise sans précédent.
Une lapalissade qui semble être oubliée : la croissance ne fait pas le développement et encore moins le bonheur du plus grand nombre. La croissance de l'économie libanaise touche un nombre restreint de kilomètres carrés et un nombre limité de Libanais.
Loin de nous la prétention de vouloir établir un projet de redressement économique en quelques lignes. Toutefois, des signes forts de changement peuvent être donnés par la nouvelle législature dans un certain nombre de directions :
1) Le retour du cœur de la capitale Beyrouth au domaine public à travers une prise de participation majoritaire de l'État dans le capital de Solidere.
2) L'établissement de nouveaux ratios de crédits obligeant les banques à sortir de l'économie de rente pour s'investir véritablement dans l'économie réelle du pays.
3) La privatisation immédiate de la moitié du capital de l'Électricité du Liban afin d'effacer la honte nationale que représente l'incapacité des différents gouvernements à assurer le courant électrique à tous et tout le temps.
La nouvelle législature, qui sera élue le 7 juin, dirigera le pays de 2009 à 2013.
Nous avons déjà perdu trop de temps.
Faisons autre chose pour ne plus en perdre davantage.
Et si on essayait de dire autre chose ? Le pays connaît de graves difficultés politiques et économiques. Les problèmes politiques s'articulent principalement autour du Hezbollah et de sa machine militaire. La réponse à cet épineux dossier doit obligatoirement avoir au moins deux volets : financier et politique.Le volet financier...