En tournée électorale au Kesrouan, Michel Aoun a accusé la majorité actuelle de corruption, de détournement de fonds, et mis en garde contre l'implantation des Palestiniens. Il a appelé les électeurs à voter pour les listes du CPL dans leur totalité, tout en promettant à tous les Libanais de faire valoir leurs droits.
« Je jure par le Ciel, quelle que soit sa couleur, que nous mettrons fin à la corruption et que nous bâtirons l'État de la IIIe République. » C'est par ces propos que le chef du CPL, le général Michel Aoun, s'est exprimé à une foule de partisans de plusieurs dizaines de villages qu'il a rencontrés hier, à l'occasion d'une tournée électorale au Kesrouan. Il a d'abord rencontré les habitants des villages de Sahel Alma, Sarba, Ghadir, Daroun, Harissa et Bzoummar, qu'il a invités à faire preuve de courage et de foi, parce que « l'autre partie menace et met en garde ». « Le régime de la peur est passé », a-t-il dit, promettant aux participants que « personne ne pourra porter atteinte, ni à leur sécurité ni à leurs intérêts ».
Le général Michel Aoun a rencontré, dans une seconde étape, les habitants des villages de Ajaltoun, Achkout, Kleiate, Raachine, Aghbé, Bekaata, Wata Joz, Reyfoun, Feytroun, Ghosta, Meerab et Dlebta. « Nous nous trouvons à un tournant historique pour la construction d'un État qui n'a toujours pas été bâti, car les gens continuent à douter de son existence », a-t-il observé. Il a estimé que les autorités ont géré l'État comme on gère une entreprise. « C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas réussi jusque-là à bâtir un État », a-t-il affirmé.
Les droits pour tous les Libanais
Le chef du CPL a enfin rencontré les habitants de Zouk Mikaël, Zouk Mosbeh, Aïntoura, Aïn el-Rihaneh, Jeita, Ballouné, Zhaïtré, Zeitoun, Mradié et Adra. Il a remarqué que « l'étape est cruciale » et demandé aux électeurs « d'être vigilants et de voter pour la liste du CPL dans sa totalité, sans en laisser passer aucun nom, pour que le parti ait la plus grande représentativité chrétienne au Parlement ». « Si nous ne parvenons pas à obtenir la majorité parlementaire, toutes nos idées resteront des promesses vaines », leur a-t-il dit.
De manière générale, c'est sur la lutte contre la corruption que le général Aoun a axé sa tournée, accusant la majorité et le régime actuels de corruption. Il a ainsi évoqué les « infractions commises précédemment au ministère des Télécommunications », notamment « le vol des communications internationales, les autorisations d'écoutes téléphoniques sans raison et les abonnements exorbitants qui ont constitué le capital des entreprises de communication ». Il a également fait la différence entre « les gouvernements fantoches qui ne travaillent pas » et « un véritable gouvernement qui travaille et qui est le gouvernement du peuple ».
Affirmant qu'il est du droit du président de la République de présenter des candidats, il a observé que « le président n'a pas le droit d'utiliser les institutions publiques au service de ces candidats, comme cela s'est passé en 1964 », alors que lui-même était encore lieutenant dans l'armée libanaise. Il a observé qu'à cette période, vu son refus de travailler pour la présidence, il a été sanctionné durant 5 ans. « Je n'admettrai pas aujourd'hui, en tant que chef politique, ce à quoi je me suis opposé alors que j'étais lieutenant », a-t-il souligné.
Et de promettre à tous les Libanais, « quelles que soient leur appartenance et leur tendance politique, qu'ils pourront faire valoir leurs droits, sans pour cela avoir besoin d'aucun recours ni du moindre piston ». Il a comparé l'État à un poisson, dont la pourriture paraît dans la tête. « Si la tête est pourrie, tout le corps l'est », a-t-il affirmé.
Le député du CPL n'a pas manqué d'évoquer la dette publique. Il a également indiqué que « les fonds placés dans les banques ne sont pas constitués de l'argent du peuple libanais, mais de l'argent placé par des étrangers pour acheter des terrains ».
Les dangers de l'implantation
Michel Aoun a, de plus, accusé la majorité d'avoir « utilisé les fonds publics pour mener sa campagne électorale ». Et d'affirmer que « le 7 juin sonnera le glas de la société féodale, et de sa politique vindicative qui tolère la corruption ».
Le second point sur lequel le député candidat a axé sa campagne est l'implantation palestinienne. Le général Aoun a mis en garde contre « les dangers de l'implantation palestinienne au Liban, voulue par les grandes puissances », précisant que « les Palestiniens présents au Liban constituent 13 % de la population libanaise ».
Michel Aoun a tenu à affirmer qu'il pardonnait à tous, mais qu'il ne pouvait oublier les erreurs, tout en se demandant ce que la majorité a accompli durant les dix années où elle était au pouvoir. « Nous avons contré le projet du Nouveau Moyen-Orient. Mais eux, n'ayant rien à offrir de positif à la société libanaise, ils ont inventé le spectre du Hezbollah », a-t-il remarqué. Le général Aoun a également observé qu'il est contre les candidats indépendants neutres, qui ne peuvent rien accomplir tous seuls. « Nous sommes contre tous ceux qui, au nom du centrisme, favoriseront l'implantation », a-t-il affirmé. Il a enfin démenti les rumeurs qui courent sur l'abandon par le chef de liste, Élias Skaff, du candidat aouniste Élie Aoun.
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