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Moyen Orient et Monde - Iran

La libération de Saberi est le fruit de pressions internationales et manœuvres locales

Pour certains analystes, le verdict rendu par la cour a un lien avec l'élection présidentielle du 12 juin.

La libération à Téhéran de la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, accusée d'espionnage, est le fruit de pressions internationales et de manœuvres politiques locales, selon des analystes et médias locaux. « Les pressions internationales ont eu une influence sur le verdict » de la cour d'appel, qui a permis la libération de Mlle Saberi lundi, a indiqué hier à l'AFP Mohammad Soltanifar, un analyste proche des réformateurs. Le président américain Barack Obama avait appelé en personne à la libération de la journaliste, après sa condamnation à huit ans de prison pour espionnage au profit des États-Unis, une peine réduite en appel dimanche à deux ans avec sursis.
Pour le quotidien réformateur Etemad Melli, la récente visite du ministre japonais des Affaires étrangères Hirofumi Nakasone à Téhéran a aussi joué un rôle. La mère de la journaliste est d'origine japonaise. Mais M. Soltanifar a ajouté qu'il ne fallait « pas oublier que nous sommes proches de l'élection présidentielle et que ceux qui ont de l'influence sur ce genre de questions comptent tirer profit » de cette libération.
Le président Mahmoud Ahmadinejad, qui remet en jeu son mandat le 12 juin, avait adressé une lettre aux autorités judiciaires leur demandant d'examiner avec soin en appel la condamnation de Mlle Saberi. Pour le rédacteur en chef du quotidien conservateur Qods, Gholam Reza Ghalandaraïn, les autorités iraniennes ont ainsi échappé à un piège tendu selon lui par les Occidentaux. « Des nations hostiles à la République islamique, qui se trouve à la veille d'une élection, ont commencé une vague de propagande négative pour encourager la population à ne pas participer au scrutin », a-t-il affirmé à l'AFP. L'Union européenne avait critiqué la condamnation de Mlle Saberi et appelé à sa libération.
L'affaire de la journaliste a coïncidé avec plusieurs gestes d'ouverture de l'administration américaine envers Téhéran. Les deux pays n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis presque trente ans. Le président américain s'est félicité lundi du « geste humanitaire » de la justice iranienne, selon son porte-parole Robert Gibbs. Mais un responsable du département d'État, sous le couvert de l'anonymat, a souligné « ne pas voir là le début d'une nouvelle ère » pour autant. D'ailleurs, la presse iranienne a évité en général de se lancer dans des spéculations sur le thème d'un dégel des relations entre Washington et Téhéran. Le quotidien conservateur Jomhouri Eslami, qui a qualifié la journaliste « d'espionne américaine », a affirmé que sa libération avait « provoqué de nombreuses protestations, et les lecteurs se demandent s'il ne s'agit pas d'un feu vert (à de nouvelles relations avec les) États-Unis ». « Inchallah, c'est une bénédiction », a ajouté le journal sur un ton sarcastique et clairement désapprobateur de cette libération.
Pour sa part, le quotidien réformateur Sarmayeh a estimé que la nationalité américaine de Mlle Saberi, qui est aussi iranienne par son père, avait joué un rôle déterminant dans sa libération. Le journal a rappelé les appels multiples des États-Unis à la libération de la journaliste, et la lettre de félicitations qu'avait adressée M. Ahmadinejad à M. Obama après son élection en novembre dernier.
Aucun journal ne s'est demandé pour autant si l'arrestation de Mlle Saberi constituait au départ un message adressé aux autorités américaines.

 

Farhad POULADI (AFP)

La libération à Téhéran de la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, accusée d'espionnage, est le fruit de pressions internationales et de manœuvres politiques locales, selon des analystes et médias locaux. « Les pressions internationales ont eu une influence sur le verdict » de la cour d'appel, qui a...

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