Nazareth a mis les petits plats dans les grands pour accueillir le pape Benoît XVI, mais la population musulmane de la cité se montre méfiante en raison de ses propos de 2006 jugés offensants pour l'islam. À quelques mètres de la basilique de l'Annonciation, une banderole reproduit des versets du Coran : « Mohammad est le messager de Dieu, et ceux qui sont avec lui sont durs contre les infidèles ». Elle a été dressée par les militants d'un petit groupe radical, Ansar Allah. « Nous ne pardonnons pas au pape ses insultes contre l'islam, même s'il s'excuse », explique Bilal Abou Nachin, leur muezzin.
De nombreux musulmans reprochent au pape ses propos de 2006 où il avait semblé assimiler islam et violence. Benoît XVI avait ensuite exprimé ses regrets pour l'émotion causée par ses propos dans le monde musulman. Nizam Abou Salim, chef d'Ansar Allah, accuse également Benoît XVI d'avoir « déclenché une croisade contre les musulmans » et lui reproche de rencontrer le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à la veille de l'anniversaire de la nakba, la catastrophe marquant pour les Palestiniens la création de l'État d'Israël sur 75 % de la Palestine historique.
Le groupe, qui a collé des affiches en ville proclamant que le pape n'était pas le bienvenu à Nazareth, réclame en vain la construction d'une mosquée à côté de la basilique où, selon la tradition, l'ange Gabriel a annoncé à Marie, enceinte, la prochaine naissance de Jésus. Chaque semaine, ils organisent sur son parvis la prière du vendredi, à laquelle participent une centaine de personnes.
Mais pour l'imam de la mosquée al-Salam, la plus grande de la cité, qui accueille 1 500 fidèles chaque vendredi, ce point de vue n'est pas partagé par la majorité des musulmans de la ville. « Nazareth et sa population sont accueillants », déclare Diyaa Abou Ahmad. « Nous souhaitons la bienvenue au pape. L'islam est une religion de clémence », mais, indique-t-il, « nous espérons des excuses (du pape) pour ses offenses contre l'islam ». Ansar Allah « ne représente pas tous les musulmans de Nazareth, c'est un groupuscule », tempête Abir Qobti, représentante de la municipalité, qui a pavoisé la ville aux couleurs du Vatican. « Chacun a le droit de critiquer la visite du pape ou de ne pas participer aux cérémonies d'accueil », mais, assure-t-elle, la majorité des musulmans soutient la venue du pape.
De plus, explique-t-elle, sans cette visite, « le gouvernement israélien n'aurait jamais accordé de budget pour refaire les rues et construire l'amphithéâtre de 35 000 places », sur le mont du Précipice, où le pape célébrera une messe en plein air, jeudi. Selon Abir Qobti, c'est « Nazareth dans son ensemble qui profite de cette visite ». Plus grande ville arabe d'Israël, la cité compte 60 000 habitants, dont 30 % de chrétiens, contre 2 % en Israël.
Majeda EL-BATSH (AFP)
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