Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Irak

La campagne électorale au Kurdistan risque d’être violente

Les deux grands partis traditionnels kurdes vont affronter de nouveaux rivaux.

Le paysage politique au Kurdistan irakien pourrait être modifié cet été lors des élections pour le Parlement régional et, compte tenu des enjeux, la population redoute une campagne violente.
Les deux grands partis traditionnels kurdes, qui dominent la région depuis des décennies, vont affronter de nouveaux rivaux, certains issus de leurs rangs. Le scrutin s'annonce rude et même brutal, à l'inverse du scrutin provincial de janvier dans la partie arabe de l'Irak. « Les Kurdes devraient en tirer les leçons et gérer leurs rivalités de manière civilisée et pacifique », estime Shaswar Karim, un boutiquier de 60 ans de Souleimaniyeh (Nord-Est). « Mais je suis inquiet en constatant que les candidats ont déjà commencé à employer un langage blessant et à proférer des accusations, ce qui préfigure un climat violent », souligne-t-il.
En 2005, la liste commune de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du chef de l'État Jalal Talabani et du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président régional Massoud Barzani, avait raflé 80 des 111 sièges. Dix sièges étaient réservés aux minorités turcomane, chrétienne et yazidie. L'Union islamique avait remporté neuf sièges, son rival plus radical, le Groupe islamique du Kurdistan six, alors que trois petits partis de gauche se partageaient le reste. Mais le monopole des deux grands partis pourrait être remis en cause lors du scrutin prévu la seconde quinzaine de juillet.
L'ancien chef du bureau politique du PDK, qui fut aussi durant huit ans président du Parlement régional, Jawhar Nameq Salem, estime qu'il appartient au gouvernement régional autonome d'éviter que la campagne dégénère. « Le recours à la violence peut venir des deux grands partis car ils risquent de perdre beaucoup. Je m'attends à l'émergence de nouvelles têtes », dit-il. La commission électorale indépendante a finalement agréé 41 listes, dont celle du « Changement » formée par des dissidents de l'UPK dirigés par l'ancien « numéro deux » du parti, Noushirwan Moustafa. Un sacré défi pour la « vieille maison » dirigée par Jalal Talabani. « Si leur maître-mot est le changement, alors ils doivent le mettre en œuvre au sein des deux principaux partis », estime le dirigeant de l'UPK Saadi Ahmad Bira, critiquant ces dissidents.
L'UPK tiendra son congrès en juin pour discuter des divergences internes, mais elle a déjà décidé de faire liste commune avec le PDK. L'UPK devrait reconduire Jalal Talabani, 76 ans, au poste de secrétaire général, en dépit de ses soucis de santé. « La grande majorité des gens ont soutenu la liste d'union et continueront de la soutenir », a assuré dimanche M. Talabani, disant espérer « que l'élection se déroulera d'une manière civilisée et conformément aux traditions du Kurdistan ». Les deux formations islamiques espèrent améliorer leur score mais craignent les attaques des deux partis laïcs. « Je suis convaincu que le PDK et l'UPK ne réussiront pas à atteindre leur score de 2005 », assure Ali Babir, le chef du Groupe islamique, qui a renoncé à la violence en 2003. « Les Kurdes doivent comprendre qu'une guerre intestine n'effacera pas nos différences. S'ils ne le comprennent pas, la violence s'imposera », souligne-t-il. Hiwa Mirza Saber, chef de l'Union islamique (modérés) proche des Frères musulmans, partage cet avis : « La situation requiert prudence et vigilance de la part des deux principaux partis et j'appelle le président de la région (Barzani) à surveiller personnellement le déroulement du scrutin. »

 

Shwan MOHAMMAD (AFP)

Le paysage politique au Kurdistan irakien pourrait être modifié cet été lors des élections pour le Parlement régional et, compte tenu des enjeux, la population redoute une campagne violente.Les deux grands partis traditionnels kurdes, qui dominent la région depuis des décennies, vont affronter de nouveaux rivaux, certains issus de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut