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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Piraterie, terrorisme, trafic d’êtres humains, legs de la guerre en Somalie

La Corne de l'Afrique est devenue le havre de toutes les activités criminelles après bientôt 20 ans de guerre civile qui a entraîné un exode massif d'une population terrorisée et réduite à la misère.
La conférence internationale, qui se tient demain à Bruxelles sous l'égide de l'Union européenne (UE) et de l'ONU, vise à renforcer l'État de droit pour aboutir à une solution politique en Somalie et mettre un terme à tous les trafics qui menacent la stabilité de la région et une des principales voies du commerce maritime mondial. Mais à vrai dire, il y a longtemps qu'il n'y a plus ni État ni droit en Somalie - excepté la loi des armes -, même si le Parlement de transition a instauré samedi la loi coranique (charia) dans l'espoir de diminuer le niveau de violences dans le pays.
Siégeant dans une capitale en ruine, Mogadiscio, les institutions de transition - président, gouvernement, Parlement - n'exercent leur autorité que sur une petite partie du territoire et sont la cible régulière d'attaques des insurgés islamistes radicaux, les shebab. Accusés par Washington de liens avec el-Qaëda et d'héberger les organisateurs des attentats commis en 1998 et 2002 au Kenya voisin et en Tanzanie, les shebab contrôlent désormais l'essentiel du centre et du sud du pays. Le Nord est, lui, divisé en deux entités autoproclamées autonomes, qui ne reconnaissent pas l'autorité du gouvernement de Mogadiscio. La « république » du Somaliland bat sa propre monnaie, a sa propre armée et fait figure d'îlot de stabilité. La région du Puntland abrite, elle, les principaux repaires des pirates somaliens et sert de base aux trafics d'êtres humains de Somaliens, Éthiopiens, Érythréens qui tentent de fuir les conflits de la région pour chercher un avenir à l'étranger, via le Yémen.
Hommes, femmes et enfants sont traités de manière abjecte par les passeurs qui n'hésitent pas à les jeter par-dessus bord après les avoir battus, dépouillés de leurs maigres biens, pour ensuite prendre la fuite quand ils sont repérés par les forces yéménites. Les rares étrangers encore présents dans le pays sont également la cible de prises d'otages crapuleuses. Depuis la chute en 1991 du président Mohammad Siad Barre qui a marqué le début de la guerre, de 300 000 à 500 000 Somaliens ont été tués - en très grande majorité des civils - dans les combats entre milices rivales. Des centaines de milliers d'autres ont pris le chemin de l'exil vers les pays voisins ou à l'intérieur du pays. Ballottés de camp en camp au fil des affrontements, ils sont livrés aux exactions des « miliciens ». Appelés « freelance gunmen » à Mogadiscio, ces hommes en armes se mettent au service du plus offrant, qu'il soit chef de guerre, pirate, trafiquant, insurgé ou preneur d'otages. Désormais, 3,2 millions de Somaliens, plus du tiers de la population du pays, dépendent de l'aide internationale pour survivre, selon l'ONU.
Échaudés par les interventions militaires américaine et de l'ONU dans les années 90 qui s'étaient soldées par des déroutes, les Occidentaux se gardent pour l'instant d'envisager une nouvelle opération terrestre pour ramener la paix. D'autant que même le puissant voisin éthiopien, qui a envoyé fin 2006 son armée soutenir le gouvernement de transition, a fini par se retirer en janvier, de crainte de s'enliser dans le bourbier somalien. Seule l'Union africaine maintient pour l'instant une force de paix. Déployée en mars 2007 à Mogadiscio, l'Amisom compte environ 4 300 hommes, régulièrement attaqués par les shebab.
La conférence internationale, qui se tient demain à Bruxelles sous l'égide de l'Union européenne (UE) et de l'ONU, vise à renforcer l'État de droit pour aboutir à une solution politique en Somalie et mettre un terme à tous les trafics qui menacent la stabilité de la région et une des principales voies du commerce...

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