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Moyen Orient et Monde

Un nouveau candidat pour l’Iran

D'Alireza Nader*
Avec l'entrée en lice de l'ancien Premier ministre Mir Hussein Mousavi et le retrait de l'ancien président Mohammad Khatami, la course à la présidence iranienne vient juste de prendre un tour plus intéressant. Pour le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, ce rebondissement est un obstacle de taille  - et éventuellement l'occasion de modifier les relations entre l'Iran et l'Occident.
Une grande partie de l'élite iranienne estime que Mousavi, pour qui l'Iran est « mal en point », a les compétences révolutionnaires et idéologiques nécessaires pour affronter des intégristes islamistes tels qu'Ahmadinejad. De plus, il est associé aux réformistes iraniens, selon lesquels l'Iran doit procéder à de grands changements de politique intérieure et étrangère pour échapper à sa crise économique et à son isolement international.
S'il est élu, Mousavi pourra imposer des politiques étrangères qui intègrent la coopération avec les États-Unis et l'Union européenne sur plusieurs questions, y compris le programme nucléaire iranien. Pourtant, Mousavi fera face à de nombreux obstacles jusqu'au scrutin du 12 juin et ne sortira victorieux que si le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, le lui permet.
Mousavi a joué un rôle important dans le mouvement révolutionnaire qui a renversé le chah en 1979. On lui attribue le mérite d'avoir guidé l'Iran à travers les crises du début de la période révolutionnaire et de la guerre Iran/Irak, quand il était Premier ministre de 1981 à 1989. Généralement considéré comme un technocrate compétent, Mousavi a souvent réussi à trouver son chemin dans le dédale économique et politique du pays. Il semblait ne plus jouer de rôle actif en politique après la suppression de son poste en 1989 ; aujourd'hui, tel un Cincinnatus perse, c'est comme s'il avait refait surface pour aider l'Iran à un moment crucial.
Sous Ahmadinejad, le pays est en proie à la crise économique la plus grave des dernières décennies. L'inflation, le chômage, les sanctions et la chute des prix du pétrole risquent fort de menacer la stabilité du régime. Ils étaient peu nombreux dans le grand public et dans l'élite à juger les candidats à la présidentielle capables d'améliorer la situation en Iran. Si Ahmadinejad conserve quelque soutien des classes pauvres et rurales, il est toujours considéré avec mépris par une grande partie de la classe dirigeante, même dans son propre camp politique. Ses échecs économiques ont souligné la nécessité d'opter pour un président plus modéré et compétent.
Pendant ce temps, l'ancien président Khatami est vilipendé par les intégristes et par les galonnés des gardes révolutionnaires qui n'ont cessé au cours de son mandat d'entraver son programme de réforme. Récemment, dans le journal de droite Kayhan proche de Khamenei, une page de libre expression mettait Khatami en garde contre les risques de subir le même sort que Benazir Bhutto au Pakistan - c'est-à-dire de se faire assassiner. Il n'est pas surprenant qu'il se soit retiré de la course et qu'il ait laissé Mousavi, technocrate et révolutionnaire, seul adversaire viable d'Ahmadinejad.
Mais le changement ne va pas de soi en Iran. Le guide suprême se méfie de Mousavi. Les deux hommes ont souvent été en désaccord sur les politiques économique, sociale et religieuse ; alors qu'Ahmadinejad a toujours été loyal envers Khamenei et a largement suivi ses politiques ces quatre dernières années. Pour Khamenei, c'est Ahmadinejad qui a tenu ses opposants réformistes en échec et résisté à la tentative du président américain George W. Bush de « dominer » l'Iran et le Moyen-Orient. Un changement perçu de l'« attitude » américaine sous le gouvernement Obama pourrait faciliter le soutien ou au moins le consentement de Khamenei à une victoire électorale de Mousavi. Il n'est pas exclu que Khamenei soit fondamentalement opposé à des relations totales entre les États-Unis et l'Iran, pour autant, un nouveau président iranien pourrait apporter quelques garanties de compromis limités, notamment sur le front nucléaire. Qui plus est, un apaisement des tensions entre les États-Unis et l'Iran durant les prochains mois, même s'il ne s'accompagne pas de progrès notables dans les relations, pourrait améliorer la perspective d'un résultat plus juste et fiable des élections.
Mousavi est le candidat à observer. Cependant, comme toujours, les élections en Iran ne sont ni prévisibles ni transparentes. Les protagonistes - Khamenei et les gardes révolutionnaires - continueront d'exercer une influence potentiellement déterminante.

© Project Syndicate, 2009. Traduit de l'anglais par Magali Adams.
Avec l'entrée en lice de l'ancien Premier ministre Mir Hussein Mousavi et le retrait de l'ancien président Mohammad Khatami, la course à la présidence iranienne vient juste de prendre un tour plus intéressant. Pour le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, ce rebondissement est un obstacle de taille  - et éventuellement l'occasion...

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