Téhéran entretient des liens étroits avec son voisin afghan, notamment avec ses populations chiites, mais était en revanche opposé au régime extrémiste sunnite des talibans (1996-2001). L'Iran subit par ailleurs les conséquences de l'énorme production afghane d'opium, qui alimente son marché de la drogue. L'Iran et les États-Unis, qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis près de 30 ans, ont déjà coopéré en Afghanistan après le 11 septembre. Une collaboration interrompue en 2003, lorsque le président George W. Bush avait placé l'Iran sur son « axe du mal ».
Après sept ans de guerre en Afghanistan sans perspective de paix, la nouvelle administration américaine souhaite relancer cette coopération, mais reste pour l'instant vague sur ses attentes envers Téhéran. Pour Karim Sadjapour, Téhéran pourrait notamment se voir demander d'ouvrir son espace aérien et terrestre au transport de marchandises vers l'Afghanistan.
L'Inde a construit une route entre la ville afghane de Delaram et Zaranj, à la frontière irano-afghane, pour acheminer son aide à l'Afghanistan via l'Iran, ce qui lui permet d'éviter le Pakistan, son frère ennemi. Or, l'Iran a signalé récemment que « certains pays de l'OTAN pourraient eux aussi emprunter cette route », a expliqué un haut responsable du département d'État.
Hillary Mann Leverett, une ancienne diplomate américaine qui a participé aux négociations avec Téhéran entre 2001 et 2003, prévient qu'une coopération avec l'Iran en Afghanistan devra faire partie d'une stratégie de rapprochement sur tous les fronts, sinon les accords tactiques risquent de capoter pour des raisons de politique interne d'une part ou de l'autre.
Sur un autre plan, Barack Obama se retrouve face à un exercice politique délicat : convaincre les Américains de renforcer l'engagement de leur pays dans un autre conflit, l'Afghanistan. Ses projets d'y déployer davantage de personnel civil, d'entamer un dialogue avec les insurgés les plus modérés et d'augmenter la taille de l'armée afghane ont de bonnes chances d'être soutenus par l'opinion publique américaine. Mais la question d'envoyer plus de troupes au front risque d'être plus controversée et de lui coûter des points de popularité.
Dans cette optique, les États-Unis ont dévoilé samedi les grandes lignes de la nouvelle stratégie pour l'Afghanistan qu'ils présenteront aujourd'hui aux Européens. « La formation de la police, l'éducation, l'agriculture et la santé », tels sont, selon l'envoyé spécial des États-Unis en Afghanistan et au Pakistan, Richard Holbrooke, les axes de l'action civile internationale à mener en complément des opérations militaires de l'ISAF, la force commandée par l'OTAN. M. Holbrooke a certes affirmé que l'administration Obama n'avait pas encore fini de revoir la stratégie américaine en Afghanistan. Il a également souligné l'importance de la lutte contre le trafic d'opium et d'héroïne, dont l'Afghanistan produit 90 % de la récolte mondiale.
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