Un certain nombre d'organisations de défense des droits de l'homme ont parlé de « crimes de guerre » de la part d'Israël durant cette offensive qui visait officiellement à réduire les activistes du Hamas tirant des roquettes sur le territoire israélien. Selon le directeur de l'école militaire, Danny Zamir, il régnait au sein de l'armée un climat de « mépris débridé » et un « sentiment de supériorité » envers les Palestiniens. « Ils ont parlé de tirs non justifiés sur des civils palestiniens. Ils ont aussi parlé de déprédations », a confié Danny Zamir à la radio de l'armée.
Interrogé par la radio publique, le ministre de la Défense, Ehud Barak, a défendu l'éthique de l'armée. « L'armée israélienne est la plus morale du monde, et je sais de quoi je parle car je sais ce qui s'est passé en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak », a-t-il dit. « Bien sûr, il peut y avoir des exceptions et tout ce qui a pu être dit va être vérifié », a assuré M. Barak. Néanmoins, l'avocat général de l'armée israélienne a décidé d'ouvrir une enquête sur ces allégations.
À Genève, le rapporteur spécial de l'ONU pour les territoires palestiniens, Richard Falk, a estimé hier que l'offensive israélienne à Gaza semblait constituer un grave crime de guerre. Il a rappelé que les conventions de Genève obligeaient les belligérants à bien faire la distinction entre les objectifs militaires et les zones environnantes peuplées de civils. Falk souhaite la mise en place d'un groupe d'experts indépendants pour enquêter sur les éventuels crimes de guerre commis par les Israéliens et les islamistes du Hamas lors de cette offensive.
Selon Haaretz, qui évoque cette affaire en une, la divulgation de ces « sales secrets » rend difficile pour l'État hébreu de réfuter ces faits comme de la pure propagande palestinienne.
Un des témoignages, émanant d'un chef de section d'infanterie, fait état d'un tireur d'élite de l'armée qui a abattu une mère et ses deux enfants parce qu'ils avaient pris la mauvaise direction quand les militaires leur avaient ordonné de sortir de chez eux. « Le commandant du détachement a sommé la famille de s'en aller par la droite. Une mère et ses deux enfants n'ont pas compris et s'en sont allés vers la gauche ». « Le tireur d'élite les a vus s'approcher, au-delà des lignes qu'on lui avait dit que personne ne devait franchir. Il les a simplement abattus. »
Ce chef de section a encore rapporté que les hommes sous son commandement estimaient, pour justifier leurs actions, que « la vie des Palestiniens était bien moins importante que celle de nos soldats ». Un autre chef de section rapporte qu'un officier a ordonné d'abattre une femme âgée alors qu'elle marchait sur la route à une centaine de mètres d'une maison dont les soldats venaient de prendre possession. Il fait en outre état d'actes de vandalisme commis par les soldats. « Écrire "Mort aux Arabes" sur les murs, se saisir de photos de famille pour cracher dessus, simplement parce qu'on en a le pouvoir... Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que cela dénote à quel point l'éthique des militaires s'est dégradée. »
Danny Zamir a déclaré avoir transmis à l'état-major les témoignages des anciens de son école ayant servi à Gaza, qui n'auraient pas eux-mêmes commis de crimes de guerre mais « sont mal à l'aise de n'avoir pu en empêcher ».
Le gouvernement israélien affirme que l'ampleur des pertes civiles durant le conflit de Gaza - 960 morts sur 1 434, selon le Centre palestinien des droits de l'homme, dont les chiffres sont contestés par l'État hébreu - sont imputables à la stratégie du Hamas consistant à opérer à partir de zones peuplées.
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