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Moyen Orient et Monde - Reportage

Avec l’arrivée de l’été au Pakistan, s’annonce le cauchemar des pannes de courant

À l'approche d'un nouvel été torride, le Pakistan s'apprête à revivre le cauchemar des pannes de courant, qui privent de nombreux foyers de systèmes de refroidissement et font monter la colère contre des autorités incapables de répondre à la demande.
« Cet été va être un cauchemar, encore plus horrible que l'an dernier », prédit Mohammad Atif, un fonctionnaire du gouvernement local de Karachi, le grand port pollué et surpeuplé du sud du pays. M. Atif s'est équipé, pour 6 000 roupies (75 dollars), d'un petit générateur chinois, et pour 12 000 roupies d'une batterie, afin de se mettre à l'abri des pannes qui vont se multiplier avec l'utilisation massive de climatiseurs, de ventilateurs et d'autres systèmes de refroidissement de l'air. « L'été dernier, nous passions les nuits à transpirer », se souvient-il, ajoutant : « Il devenait difficile de travailler et pour mes enfants d'étudier. Alors nous avons décidé de dépenser nos économies contre un peu de confort. »
Pour les 168 millions de Pakistanais, la pénurie d'électricité constitue au quotidien une épreuve de plus, dans un pays au faible niveau de vie, malmené par la violence et la crise économique. Les autorités admettent que le déficit journalier de la production atteint 5 000 mégawatts, soit 25 pour cent des besoins du pays. « Le terrorisme, les difficultés économiques et les coupures de courant créent un climat propice aux problèmes psychologiques », remarque un psychiatre, le docteur Syed Ali Wasif. L'an dernier, la police de Karachi, une ville de 14 millions d'habitants, a recensé 2 500 cas de violences publiques, souvent des éclats de colère provoqués par les coupures de courant, jusqu'à huit heures par jour par 45 degrés Celsius. À Karachi et Lahore, les deux plus grandes villes du pays, les pannes à répétition ont entraîné des scènes d'émeutes, des habitants excédés jetant des pierres au passage des voitures ou brûlant des pneus. « Il y a peu de chances d'amélioration et nous nous attendons à des manifestations semblables » cette année, confie un responsable de la police de Karachi sous le couvert de l'anonymat.
Les pannes ont aussi des effets néfastes sur l'industrie du pays. La production industrielle y a enregistré une chute de 6,2 % pendant la première moitié de l'année fiscale en cours, qui a débuté en juillet 2008, et la crise énergétique a participé à ce mauvais résultat. Le textile, principale activité du pays à l'export, est sévèrement touché. « Les coupures d'électricité nous ont empêchés de respecter les délais pour des commandes de plusieurs milliards de dollars vers les pays occidentaux », explique un grand patron du textile, Zubair Motiwala.
Les racines de la crise tiennent à l'explosion de la croissance du Pakistan, avec un record de 8,6 % du PIB en 2004, et à l'incapacité du gouvernement à faire face à une demande accrue. Selon les experts, la solution à long terme viendrait d'une meilleure exploitation des abondantes ressources hydrologiques du pays, ou des richesses minières du désert de Thar, dans le Sud-Est, où sont enfouies 175 milliards de tonnes de charbon. « Nous avons identifié des centaines de points dans nos fleuves où des barrages pourraient être installés et générer des dizaines de milliers de mégawatts », explique le ministre de l'Eau et de l'Énergie, Raja Pervez Ashraf.
Mais le Pakistan manque d'argent. Son économie est soutenue par une ligne de crédit de 7,6 milliards de dollars du Fonds monétaire international, tandis que l'instabilité politique et économique est de nature à effrayer les investisseurs privés.

Hasan MANSOOR (AFP)
À l'approche d'un nouvel été torride, le Pakistan s'apprête à revivre le cauchemar des pannes de courant, qui privent de nombreux foyers de systèmes de refroidissement et font monter la colère contre des autorités incapables de répondre à la demande.« Cet été va être un cauchemar, encore...

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