Car si les défilés des écoles de samba sont l'apogée de la fête, le carnaval a déjà envahi les rues. Samedi matin, plus de 500 000 fêtards du traditionnel « bloco » (association de quartier) Cordao da Bola Preta ont pris d'assaut en chantant et dansant pendant des heures le centre-ville où la bière coulait à flot pour combattre un soleil de plomb. Dans l'après-midi, c'est la « Banda d'Ipanema », réputée pour ses travestis, qui a donné le ton dans ce quartier résidentiel. À la différence des écoles de samba qui dépensent des millions de dollars, les « blocos » n'ont l'appui que de leurs membres et sympathisants.
Il y a peu de règles : chacun se déguise ou non, et la volonté commune est de « s'amuser et draguer ». Prévoyant, le gouvernement a distribué gratuitement dans tout le pays 59 millions de préservatifs.
Hier matin, aux abords du Sambodrome, plusieurs chars allégoriques étaient déjà garés, et dans les ateliers des écoles de samba, l'agitation était à son comble, ouvriers et couturières procédant aux dernières retouches. La tension est toujours très vive car il s'agit d'une compétition - pour remporter le titre convoité de « championne du Carnaval » - avec ses règles très strictes et ses notes implacables sur dix critères (costumes, rythme, originalité des thèmes, évolution des danseurs...). Le défilé dure 82 minutes précises - deux minutes de plus que les années précédentes - sur la Marques de Sapucai, l'avenue de 700 mètres bordée de tribunes qui traverse le Sambodrome construit par l'architecte Oscar Niemeyer, il y a 25 ans. Chaque école réunit de 3 000 à 5 000 danseurs au plus. La compétition s'est ouverte dimanche soir (lundi à l'aube, heure de Beyrouth) avec six des douze formations qui forment l'élite des écoles de samba. Celles-ci, nées dans les favelas, sont soutenues par leurs habitants avec la même passion que les grands clubs de football.
Alors que la crise a obligé la plupart des écoles à serrer leur budget, seule Grande Rio n'a pas eu ce souci. Dotée de 3 millions de dollars grâce au parrainage de seize entreprises françaises en cette année de la France au Brésil, elle devait présenter les fastes de la cour de Versailles et le cabaret parisien du Moulin Rouge dont une trentaine de danseuses apporteront une touche de french cancan dans ce temple de la samba.
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