Proche-Orient Après le retrait israélien, le Hamas reprend le contrôle de la bande de Gaza

« La résistance a gagné », affirme Mechaal. Le Hamas annonce avoir arrêté des « dizaines de collaborateurs ». « Le dernier soldat a quitté la bande de Gaza ce matin, mais l’armée reste déployée à la lisière pour faire face à toute éventualité », a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’armée israélienne. À Gaza, le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a affirmé à l’AFP que ce retrait « ne suffit pas et ne résout pas la crise. Nous exigeons la levée totale du blocus et la réouverture de tous les points de passage pour que notre peuple puisse vivre en paix et en sécurité ». Dans un discours à Damas, retransmis par plusieurs chaînes satellitaires arabes, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, a déclaré hier que son mouvement a atteint ses objectifs « en contraignant l’ennemi à arrêter l’agression et à se retirer (de Gaza) », tout en indiquant qu’il était « temps de parler avec le Hamas ». « Depuis trois ans, on tente de se débarrasser du Hamas (...) en imposant notamment un blocus (...). Il est temps de commencer à parler au Hamas, une force » dont la « légitimité » a été confortée par la guerre de Gaza, a dit M. Mechaal. « Gaza est sortie victorieuse, la résistance a gagné, l’ennemi n’ayant pas pu imposer ses conditions », a-t-il poursuivi, en demandant aux combattants du Hamas de « laisser leur doigt sur la gâchette car l’ennemi est rusé et voudrait se venger ». M. Mechaal s’en est par ailleurs pris à l’Autorité palestinienne, l’accusant d’avoir « abandonné la résistance face à l’occupation israélienne » et a appelé les Palestiniens de Cisjordanie à se joindre au combat de Gaza. Il a en outre affirmé que le Hamas était favorable à une réconciliation palestinienne « mais sur une base de résistance, pas sur la base de concessions » vis-à-vis d’Israël. Le Hamas, qui s’efforce d’afficher son autorité depuis la fin des combats le 17 janvier, a fait savoir qu’il avait commencé à reprendre le contrôle du territoire et qu’il a arrêté des « dizaines de collaborateurs » accusés d’avoir fourni des renseignements à Israël lors de son offensive. De son côté, le Fateh a accusé le mouvement islamiste d’actes de revanche et il a lancé un appel à l’aide. « Depuis la fin de la guerre, les miliciens du Hamas ont procédé à de multiples agressions, notamment en tirant sur les pieds de membres du Fateh », dit un communiqué du parti à Gaza. Le Hamas a, par ailleurs, invité tous ses fonctionnaires à rejoindre leur lieu de travail. Le principal complexe abritant les « ministères » du Hamas a été détruit dans l’offensive contre l’enclave palestinienne pauvre et surpeuplée où plus de 20 000 maisons ont été endommagées ou détruites, selon le mouvement islamiste. L’offensive a coûté la vie à au moins 1 315 Palestiniens et blessé plus de 5 300, selon les services d’urgence de Gaza. Côté israélien, 10 militaires et 3 civils ont péri. Des responsables du Hamas et un émissaire israélien doivent rencontrer séparément des médiateurs égyptiens, aujourd’hui au Caire, pour discuter des moyens de rendre le cessez-le-feu « durable » et de rouvrir les points de passage, a rapporté un responsable proche des discussions. Par ailleurs, le quotidien israélien Haaretz a indiqué que l’armée israélienne enquêtait sur une éventuelle utilisation fautive par ses soldats d’obus au phosphore à Gaza, notamment sur un tir par une unité de parachutistes d’une vingtaine de ces obus dans une zone peuplée dans le nord du territoire. Les Palestiniens et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont accusé Israël d’avoir, pendant le conflit, utilisé des obus au phosphore qui causent des brûlures très graves.