Dans l’intimité d’un artiste

« Closer « est la première exposition qui inaugure le BAC et qui se déroule jusqu’en avril. Comment définir l’intime ? Quelle est la limite entre une expérience personnelle et un travail artistique ? Enfin, comment un artiste peut travailler sur lui-même et quelle est la démarche à suivre pour qu’un sujet intime devienne une œuvre publique ? Onze artistes confirmés, Janane al-Ani (Irak), Tony Chakar, Lina Saneh, Akram Zaatari et Cynthia Zaven (Liban), Antoine d’Agata (France), Mona Hatoum et Emily Jacir (Palestine), Jill Magid et Lisa Steele (États-Unis), Anrie Salba (Albanie), offrent à voir leurs vidéos, photographies et toiles tout en relatant leurs propres histoires. Ainsi si l’installation vidéo « A Loving Man » de Janane al-Ani, artiste irakienne vivant à Londres, met en scène la vidéaste avec sa mère et ses sœurs pour se remémorer à leur manière un homme absent, l’artiste palestinienne Emily Jacir, vivant entre New York et Ramallah, revisite à sa manière la traversée du barrage qui sépare Ramallah de l’Université de Birzeit, où elle enseigne. Pour illustrer « Crossing Surda », elle a dû dissimuler son appareil au fond de la poche d’un sac qu’elle a auparavant troué. Ce qui donne à voir une approche très personnelle de sa vision du quotidien. Quant à Mona Hatoum, c’est par une série d’images répétitives en « slow motion » qu’elle traduit cette phrase tout aussi répétitive : «So much I want to say. » Une phrase qui évoque en peu d’images tout un état d’esprit et même des sociétés entières contraintes de se taire. Un autre exemple de la projection de soi est le travail de Jill Magid, qui offre à voir un portrait robot exécuté par la police du FBI. Auparavant, l’artiste avait demandé à des hommes qui l’ont connue de dresser un portrait d’elle. Ce sont ces spécifications qu’elle enverra par la suite à la police, prétextant que la femme en question avait disparu. Ces œuvres, parmi tant d’autres, ont pour souci de mettre les artistes au centre de la représentation tout en soulevant des questions en relation avec leurs images personnelle et publique. En ce faisant, elles ouvrent la voie à de nouvelles visions et créations artistiques.