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Quels mécanismes faut-il adopter pour normaliser les relations avec Damas ? Le commentaire d’Émile Khoury

Préparer le climat par des visites individuelles ? Ou procéder par échanges entre officiels concernés de tous rangs sur les dossiers en suspens ? Par quoi commencer pour traiter la question des attentes réciproques du Liban et de la Syrie ? Le débat bat son plein. Certains amis de Damas, anciens ou tout nouveaux, soutiennent qu’il faut d’abord laver les cœurs, comme on dit chez nous, par des rencontres personnalisées aiguisant un rapprochement affectif, psychopolitique, générateur de cette confiance sans laquelle aucun rapport ne peut être vraiment assaini. Ajoutant qu’on ne peut engager de dialogue fructueux, positif, dans une ambiance qui reste chargée d’accusations. Ils relèvent que le régime syrien ne se plie à aucune contrainte. Qu’il refuse toujours, par principe, d’aborder une quelconque demande, libanaise ou autre, qui s’accompagne de pressions. Ces prosyriens dénoncent le revirement d’un certain nombre de leurs anciens partenaires du rang, qui rampaient à tout bout de champ en direction de Damas et qui lui sont maintenant hostiles. Mais par cette remarque même, ils contredisent indirectement leur propos de fond, leur appel à des rencontres individualisées. À quoi serviraient-elles, à quelle épuration de comptes, si elles restent limitées aux proches de Damas ? Qui n’est pas près d’accueillir même un officiel comme Fouad Siniora. En face, on ne s’appesantit pas sur les outrages passés. Mais on relève (au loup, au loup !) qu’à force de menteries, de crocs-en-jambe sournois ou de manœuvres dilatoires, le régime syrien a perdu tout crédit confiance. Pour bref exemple : Taëf lui enjoignait de replier ses forces vers la Békaa au plus tard en 1992. Il ne s’y est plié, contraint et forcé, qu’en 2005, après l’assassinat de Rafic Hariri. Tout au long de sa tutelle, et même après, il en a berné et bercé d’illusions plus d’un, pratiquement toutes les parties concernées au Liban. Ce qui a porté, entre autres intervenants, le chef de l’État français à lui lancer que ce que l’on attend désormais de lui ce sont des actes et non plus des paroles. S’alignant de la sorte sur la prudence méfiante qu’affichait le patriarche Sfeir quand on l’invitait à Damas, où il refusait de se rendre faute de garanties sur les résultats de la visite, en subodorant que la propagande syrienne exploiterait sans doute la démarche sans que le Liban n’y gagnât rien. Les loyalistes se défient d’autant plus du loup et de sa malice qu’il continue, disent-ils, à multiplier les chausse-trappes sur la scène locale. Comme on l’a vu récemment avec l’affaire du haut comité de supervision électoral. Ou comme on le voit avec le blocage des nominations. Pour saper la résurrection de l’État souverain libanais, torpiller les acquis de la révolution du Cèdre et couler la devise Liban d’abord, avec le concours diligent, au quotidien, de ses alliés du cru dont il espère la victoire aux législatives pour rétablir, par procuration, sa mainmise sur le Liban. Bref, pour que le régime syrien montre effectivement patte blanche, il ne doit plus se contenter de lancer au Petit Chaperon rouge tire la chevillette et la bobinette cherra. Il doit ouvrir les gonds, en entamant avec le Liban des négociations objectives, concrètes d’État à État, sur tout le tissu relationnel, dont les prisonniers, le tracé des frontières, Chebaa, les bases palestiniennes d’obédience syrienne et le trafic d’armes.
Préparer le climat par des visites individuelles ? Ou procéder par échanges entre officiels concernés de tous rangs sur les dossiers en suspens ? Par quoi commencer pour traiter la question des attentes réciproques du Liban et de la Syrie ?
Le débat bat son plein. Certains amis de Damas, anciens ou tout nouveaux, soutiennent qu’il faut d’abord laver les cœurs, comme on dit chez...