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Actualités - CHRONOLOGIE

Concert Palette aux couleurs panachées pour l’OSNL

Edgar DAVIDIAN De Franz Schubert à Manuel de Falla en passant par Chostakovitch et Chabrier, l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Wojcieh Czepiel, a donné un moment de bonheur aux mélomanes. Musique aux horizons multiples pour un monde enchanté et enchanteur avec quand même quelques nuages de tristesse… Fidèle à ses rendez-vous de vendredi soir où la foule se presse à l’église Saint-Joseph (USJ), une fois de plus l’Orchestre symphonique national libanais (cette fois avec le soliste Avedis Giorchyan au violoncelle) a admirablement officié pour un menu soigneusement choisi. Entre douceur romantique, éclat russe et sortilèges ibériques, la musique avait, ce soir-là, toutes les voix du monde pour une brillante palette aux couleurs panachées… Ouverture tout en tonalités romantiques avec Rosemonde de Franz Schubert qui fait vibrer les cordes et les archets pour une narration mélodieuse faite de grâce et d’une certaine douceur. Ouverture aux tonalités entre sourire et petit mélo, entre petit bonheur et intermittences du cœur, entre chagrin et joie, entre soleil et pluie… Plus que jamais, dans cette musique joliment enserrée dans son brillant écrin orchestral, certes bien empreinte de l’esprit mélodieux des « lied », s’illustre le célèbre paradoxe de Schubert : « Voulais-je chanter l’amour, cela m’entraînait à la douleur ; voulais-je chanter la douleur, cela me menait à l’amour… » Pour prendre le relais, dans un registre tout à fait différent, torrentiel et strident à certains moments, un géant de la musique russe, Dimitri Chostakovitch, dans le Concerto n° 1 pour violoncelle et orchestre avec ses quatre mouvements (allegretto, moderato, cadenza-attaca et allegro con moto) alternant virtuosité et lyrisme à la mélancolie et l’angoisse mahlériennes... Avec, comme soliste derrière l’archet, Avedis Giorchyan imprégné par cet opus tendu et grave. Liberté de ton et de narration pour une grande fresque sonore sans jamais craindre ni le pathos ni les trémolos qui vont au plus profond du cœur. Narration certes impétueuse, mais marquée par la dissonance harmonieuse, un aspect caverneux pour un aspect sombre, tendu et dense, voix d’un écorché vif qui croit aux grands sentiments et qui voudrait baigner dans la lumière de ce qui est absolument « vrai ». Mais qu’est-ce que la vérité au juste ? Sans nul doute ces belles et émouvantes sonorités venues d’ailleurs, surtout les plaintes d’un violoncelle qui mugit, tonne, menace et caresse avec la force du vent… Teintes flamboyantes Pas d’entracte, mais changement de cap et d’atmosphère. De la pénombre crépusculaire à la lumière… Reprise avec un pays de soleil, de sensualité, de jardins embaumés, de corridas, de femmes aux regards ensorceleurs… Bien sûr c’est de l’Espagne qu’il s’agit, magnifiée avec panache et originalité par Chabrier après un séjour au pays de Cervantès. Sous le coup du charme et de l’envoûtement d’une terre andalouse aux sortilèges irrésistibles, le compositeur français écrit une rhapsodie aux notes vives, enflammées, colorées. Mélodies, rythmes et style profondément ibériques pour cette ode, cette déclaration d’amour que Chabrier dédie au pays de Lorca dans une brillante orchestration qui met du baume au cœur et dont la joie et l’exubérance sont contagieuses… Jamais partition, il s’agit d’Espana bien entendu, n’a plus justement porté son titre… Pour conclure, restons en terre de Carmen. Pour de vrai et non avec l’esprit français sous emprise espagnole… Voilà donc Manuel de Falla, ami de Ravel, Debussy et Albeniz. De Falla qui a su traduire la richesse de la musique folklorique en termes sonores inédits et donner un souffle et un sang nouveaux aux traditionnelles ritournelles en captant l’âme, l’essence, l’esprit et la pulsation des vents et de la lumière de sa ville natale, Cadix… On l’écoute ici dans El sombrero de tres picos, suite n° 2 pour orchestre. Entre « seguedille », « farruca » et « jota », la danse mène, sans voilette ni tenue de dimanche, la ronde des notes… Rubato expressifs, rythmes alertes, couleurs vives, mesures échappées à la marche des machos, toute l’Espagne, avec ses roses baccarats, ses mantilles, ses éventails déployés, ses hidalgos aux cheveux lustrés et ses falbalas en traîne, est là. L’Espagne, altière, ensoleillée, frémissante, vibrante comme ses foules aux arènes bondées et hurlantes, est dans ces pages flamboyantes, débordantes de vie et de séduction. Emploi subtil non seulement des instruments à vent, des cordes et des cuivres dans une orchestration à couper le souffle, mais aussi présence des accents éoliens de la harpe ainsi que la sensualité criarde et entêtée des castagnettes… Tonnantes salves d’applaudissements d’un public ravi et enthousiaste. Un public qui en voulait encore et encore de cet arrière-goût corsé de l’« Aguardiente », de flamenco, de corrida et des senteurs d’œillet…
Edgar DAVIDIAN


De Franz Schubert à Manuel de Falla en passant par Chostakovitch et Chabrier, l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Wojcieh Czepiel, a donné un moment de bonheur aux mélomanes.
Musique aux horizons multiples pour un monde enchanté et enchanteur avec quand même quelques nuages de tristesse…
Fidèle à ses rendez-vous de...